Vingt ans après que la Commune de Paris fut noyée dans le sang, la République française continue de tirer sur ses ouvriers.
1884, une importante grève éclate parmi les mineurs d’Anzin. La réorganisation de l’affectation du boisage des galeries crée un manque à gagner pour les mineurs d’Anzin. 10.000 d’entre eux entament une grève en février 1884 et subissent la répression et la privation de salaires. Mais la compagnie des mines ne cède pas et les mineurs sont contraints de reprendre le travail le 17 avril 1884, la mort dans l’âme, après 56 jours de grève. Si les revendications des grévistes ne sont pas satisfaites, l’importante mobilisation du prolétariat du valenciennois aboutit à la légalisation de l’organisation syndicale. C’est la loi Waldeck-Rousseau du 21 mars 1884.
Le mois suivant, la loi Ollivier du 25 mai 1864 autorise le droit de grève. Dans tous les bassins industriels, les socialistes tentent de fédérer les ouvriers. Et aussi à Fourmies, importante ville industrielle tout au Sud du Nord. A l’occasion du Congrès de Paris de la Deuxième Internationale, qui se tient en 1889, les internationalistes entendent faire du Premier mai le jour symbole de leurs revendications. La première d’entre elles : l’instauration de la journée de 8 heures. L’année 1891 est ainsi le second Premier mai, si l’on puit l’écrire.
Pas de concession pour le prolétariat
Aussi appelle-t-on à la grève ce 1er mai 1891 à Fourmies. Si les revendications du prolétariat sont clairement affirmées, la journée se veut festive. On prévoit un pique-nique qui sera suivi d’un bal populaire. Le patronat, lui, a un peu moins le cœur aux réjouissances et avertit qu’il ne faut guère espérer la moindre concession, en même temps qu’il exerce des pressions sur sous-préfet d’Avesnes-sur-Helpe, Ferdinand Isaac, pour que la troupe gagne la cité fourmisienne. Et, en effet, la troupe arrive.
Emile Cornaille, 11 ans. Gustave Pestiaux, 14 ans. Félicie Tonnelier, 16 ans. Ernestine Diot, 17 ans. Maria Blondeau, 18 ans. Kléber Giloteaux, 19 ans. Louise Hublet, 20 ans. Charles Leroy, 20 ans. Emile Ségaux, 30 ans. Toutes sont les innocentes victimes abattues par l’armée française. Et ces vies fauchées ne sont pas les dernières injustices commises au cours de ce jour tragique qui passera à la postérité sous le nom de « fusillade de Fourmies ».
Il est évidemment inutile de présenter plus longuement Franck Ferrand. Ecrivain et animateur télé et radio, il officie dans l’émission de vulgarisation historique Au cœur de l’Histoire, initialement diffusée sur les ondes d’Europe 1. Le 25 septembre 2017, Franck Ferrand consacre son émission aux évènements sanglants survenus le 1er mai 1891.
Vous voulez évidemment en savoir plus !
Bon doc !
Crédit photo : wikipédia
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine