Nous sommes le 2 février, jour de la chandeleur, qui fait la joie des petits et grands grâce aux crêpes. Manger des crêpes est l’une des dernières traditions qui nous restent de ce jour si particulier. On y ajoute le fait de faire sauter la première crêpe avec une pièce dans la main pour assurer la fortune de la maison.
Pourtant, cette fête recouvre bien plus de significations et traditions. Qu’en est il dans le Pas De Calais?
La chandeleur, fête païenne…puis chrétienne
La chandeleur signifie la fête des chandelles. Elle connaît ses origines dans le paganisme caractérisée par les crêpes elles mêmes. De forme ronde, représentant le soleil, elles étaient confectionnées avec l’excédent de farine de l’année après la période la plus sombre. L’allongement des jours et la prospérité sont fêtés de cette façon.
L’Eglise catholique passant par elle, la tradition prit d’autres chemins. Sous l’impulsion du pape Gélase Ier (492-496), elle devient une fête célébrée chaque 2 février. Elle commémore la purification de la Sainte Vierge, quarante jours après la naissance du Christ. Mais elle est représente aussi la présentation de Jésus au Temple et sa reconnaissance par Siméon comme “Lumière d’Israël”. Elle marque également la fin du temps de Noël.
Le mot Chandeleur évoque les cierges et les chandelles que le prêtre bénit avant la messe et que les fidèles emportent chez eux pour protéger leur foyer. La chandelle bénie est précieusement conservée pendant toute l’année pour protéger le foyer notamment quant aux productions de l’hiver en vue des moissons de l’été.
Qu’en est il dans le Pas De Calais?
Les archives départementales du Pas De Calais nous donnent des renseignements précieux sur les traditions suivies dans quelques villes du département. Grâce à Célestine Leroy , née à Marquillies en 1884 et professeure en 1911 à l’école normale d’Arras, nous avons à disposition des précisions intéressantes.
- “Dans le Ternois, la chandelle est achetée avec les deniers de mariage, bénis lors de la bénédiction nuptiale. Elle est également allumée lors des accouchements, des agonies et des funérailles d’un membre de la famille. Lors des enterrements, on la voit fréquemment portée par la plus proche parente du défunt ou de la défunte. Cette coutume, encore appliquée dans les années 1950-1960, était autrefois générale dans tout le Ternois.
- À Aire-sur-la-Lys, les personnes pieuses, lorsqu’elles ensevelissent un mort, font couler de la cire de la chandelle bénie dans le cercueil.
- Dans plusieurs secteurs, la chandelle, soigneusement conservée, est également allumée lorsqu’une personne de la famille est en danger de mort. C’est notamment le cas à Neuville-Bourjonval, où on l’appelle le “cierge de la bonne mort”. Sa faible lueur accompagne les “prières des agonisants”. Elle éclaire les traits du mort dont on vient de faire la dernière toilette et parfois continue de brûler à côté de la bière. On retrouve ces usages dans les régions de Lens, Fruges, Auchel, Aire-sur-la-Lys, Desvres, Marquise, Écourt-Saint-Quentin…
- Le cierge familial n’est pas seulement associé aux jours d’angoisse ou de deuil. Dans certains villages, l’usage veut aussi qu’il précède le nouveau-né qu’on porte à l’église pour le baptiser. C’est un enfant de la famille, le “parrain” ou la “marraine à la chandelle”, qui tient le cierge à l’aller et au retour. C’est le cas à Busnes, Delettes ou Rebreuve.
- Au-delà des rites établis autour de la chandelle, les crêpes de la Chandeleur bénéficient elles aussi de traditions locales. C’est ainsi qu’à Calais et dans plusieurs villages du Boulonnais, on cuit la première crêpe de la Chandeleur en faisant brûler le gui de la Noël, gage de porte-bonheur.
- À Lumbres et dans toute sa région, on recommande aux femmes mariées de tremper leur alliance dans la pâte à crêpes.
- À Samer, on lance une crêpe au-dessus de l’armoire pour éviter les maladies.
- À Neuville-Bourjonval, on doit faire des crêpes dans les familles où des jeunes filles espèrent trouver un mari dans l’année.
- À Wingles, le soir de la Chandeleur, chaque membre de la famille doit retourner sa crêpe pour avoir de l’argent toute l’année.
- À Étaples, dans certaines maisons, on conserve la première crêpe sur l’armoire jusqu’à la Chandeleur de l’année suivante.”
Aujourd’hui, cette fête est célébrée également au Mexique, Suisse, Belgique que ce soit en Wallonie ou en Flandre. Aux Pays Bas, d’autres mets sont élaborés, les traditionnels poffertjes.

Une journée pleine d’histoire et de moments conviviaux. Bonne chandeleur à tous.
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Le miroir du Nord, 2023. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine