Le 8 avril 2021, coup de tonnerre dans le monde jacobin français. La loi Molac était votée à l’assemblée nationale. Cette loi reconnait l’appartenance des langues régionales au patrimoine immatériel de la France pour mieux pouvoir les protéger. Mais elle avait des objectifs autres. Dans la vie publique ensuite, l’affichage de traductions en langue régionales, la signalétique publique, l’utilisation de signes diacritiques (Fañch) dans les actes d’état civil, sont sécurisés. Enfin dans l’enseignement, consécration était donnée pour la reconnaissance de l’immersion en langue régionale à l’école publique tout comme le versement rendu effectif du forfait scolaire pour les écoles associatives (exemple: Diwan en Bretagne).
15 jours plus tard, une soixantaine de députés En Marche menés par la parisienne Aurore Bergé déposait un recours devant le Conseil Constitutionnel. Le 21 mai 2021, la sanction tombait. La loi était rejetée dans son article 2. Les sages donnaient comme motif “la loi de la République est le français”. Retour à l’envoyeur, Paul Molac était désavoué et ce sont toutes les minorités régionales qui étaient perdantes.
ONU tape du poing sur la table
L’origine de l’intervention de l’ONU est certainement la saisine de l’ONU par le réseau européen pour l’égalité linguistique en juillet 2021 contre la France.
Voilà un extrait de la lettre adressée à la France par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. La lettre est signée par le canadien Fernand de Varennes, rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités ; la grecque Alexandra Xanthati, rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels ; et la burkinabée Koumbou Boly Barry, rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation.
« Nous craignons que l’adoption et l’application de cette décision puissent entraîner des atteintes importantes aux droits humains des minorités linguistiques en France […] Cette décision peut porter atteinte à la dignité, à la liberté, à l’égalité et à la non-discrimination ainsi qu’à l’identité des personnes de langues et de cultures historiques minoritaires de France”.
Recommandations du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies
- Les rapporteurs du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies demandent des comptes au gouvernement français. Ils souhaitent des informations et des explications quant au “
risque de traitement différentiel entre la langue anglaise d’une part, et les langues minoritaires de France d’autre part, au sein des établissements qui assurent le service public de l’enseignement ou sont associés à celui-ci
.”
- C’est aussi l’accès à ces langues qui préoccupent les rapporteurs de l’ONU. Ils demandent d’apporter “
des informations relatives aux mesures prises […] pour mettre en place des mesures adéquates pour garantir l’accès à l’enseignement public dans les langues minoritaires ainsi que leur usage dans la vie publique et privée
.”
Ces demandes n’ont qu’une valeur limitée. Ce ne sont que des recommandations et les dirigeants français en feront ce qu’ils veulent. Pas de quoi être optimiste. Mais c’est un signal envoyé à la politique jacobine française.
Régions de France demande l’inscription de l’enseignement immersif dans la Constitution
La Constitution fait parler d’elle en ce moment. Un projet est en cours pour inscrire le droit à l’accès à l’interruption volontaire de grossesse. En réaction à la situation américaine, les politiques français souhaitent taper fort et aller jusqu’au recours constitutionnel.
Cela a t’il influencé Régions de France? Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de l’assemblée de Corse révèle qu’une demande d’inscription de l’enseignement immersif dans la Constitution.

Est ce la bonne solution ou aurait il eu fallu miser sur le referendum d’initiative populaire ?
Gilles Simeoni, par ce message, passe un message à la France. Il ne faut pas l’oublier. On réentend parler d’ailleurs d’une rencontre future avec le ministère de l’intérieur pour y parler statut de l’île. Confirmé par Elisabeth Borne hier après midi lors de son discours de politique générale. « En Corse, le cycle des discussions engagé avec les élus et les forces vives sera relancé dans les prochains jours. Il doit aboutir à des solutions concrètes pour tous les Corses et notamment la jeunesse. »
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Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine