Après notre 1ere récap des grandes dates du tour de la France qui vous a fait voyager dans le temps entre 1906 et 1960, découvrez la suite entre 1967 et 2018.
Des secteurs pavés inédits ce mercredi, à l’occasion d’une étape redoutée de 153,7 km entre Lille et Arenberg-Porte du Hainaut. Si le parcours évite les secteurs pavés les plus difficiles de Paris-Roubaix, la course peut se perdre à tout instant. La vigilance est donc de mise pour les favoris ! Ce n’est évidemment pas la première fois que les parcours de la Reine des classiques et de la Grande boucle ne font qu’un. Comme hier, revenons sur les étapes en Flandre, Artois et Hainaut qui ont marqué la compétition de 1967 à nos jours.
4 juillet 1967 : Roubaix donne des Jambes à Roger Pingeon !
Originaire du département de l’Ain, Roger Pingeon (équipe nationale de France) remporte son unique Tour de France en 1967. Et de quelle manière ! Parti de Roubaix, le Français triomphe à Jambes en Belgique au terme d’une incroyable échappée solitaire qui lui fait endosser le maillot jaune. Un maillot qu’il ne quittera qu’une seule journée en Alsace. C’est ce même été que l’Anglais Tom Simpson (équipe nationale de Grande-Bretagne) meut tragiquement d’un malaise cardiaque sur les pentes du Mont Ventoux, révélant ainsi au grand jour l’existence du dopage.
28 juin 1969 : le premier prologue des Pays-Bas français
Roubaix est définitivement la capitale régionale du vélo. Au menu du prologue : 10,8 km dans la ville-départ. L’Allemand Rudi Altig (Salvarani) remporte le chrono avant que le peloton ne s’élance le lendemain de la cité du textile en direction de Woluwé-Saint-Pierre, près de Bruxelles. Voilà qui semble ouvrir l’appétit de celui qui passera à la postérité sous le surnom du « Cannibale ». Cette année 1969, Eddy Merckx (Faema) remporte en effet le premier de ses cinq Tours de France.
27 juin 1975 : Eddy Merckx semble irrésistible et pourtant…
Si le Flamand Rik van Linden (Bianchi-Campagnolo) s’impose au terme de la première étape entre Molenbeek et Roubaix, Eddy Merckx (Molteni-RYC) semble vouloir plier la course dès le début. A l’attaque dans la côte d’Alsemblerg, le Cannibale piège ses principaux rivaux, à l’exception de l’Italien Francesco Moser (Filotex). Bernard Thévenet (Peugeot-BP-Michelin) et l’Espagnol Luis Ocańa (Super Ser) accusent plus d’une minute de retard à l’arrivée. Merckx craquera finalement dans la dernière semaine à la plus grande satisfaction de Bernard Thévenet qui remporte l’édition.
27 juin 1976 : premier contre-la-montre dans la région
Si un prologue s’était bien déroulé à Lille en 1960, le premier contre-la-montre dans les Pays-Bas français se déroule en 1976 au Touquet. 37 km autour de la cité balnéaire dans laquelle triomphe un Flamand de la côte, ça ne s’invente pas. Originaire de Nieuport, Freddy Maertens (Flandria-Velda) signe le temps le plus rapide et conserve son maillot jaune. Le lendemain, les coureurs et la caravane quittent Paris-Plage en direction de Bornem en Flandre.
1er juillet 1980 : le Blaireau lève les bras à Lille
Bernard Hinault (Renault-Gitane) détestait Paris-Roubaix mais mit un point d’orgue à remporter l’Enfer du Nord en 1981. Sur le vélodrome roubaisien, ce n’est pas la première fois qu’il soulevait le bouquet du vainqueur. A l’occasion de la cinquième étape de la Grande boucle 1980 qui menait les coureurs de Liège à Lille, le Breton franchit le premier la ligne d’arrivée après 249,3 km d’efforts.
7 juillet 1982 : les métallurgistes d’Usinor gâchent la fête
Arrivé à Mouscron le 6 juillet, le Tour de France devait égayer les Pays-Bas français pendant deux jours. Le lendemain, la petite commune de Fontaine-au-Pire et son millier d’habitants se faisaient une joie d’être le point d’arrivée d’un contre-la-montre par équipe, long de 73 km, au départ d’Orchies. Mais Denain, au trentième kilomètre de l’étape, est infranchissable. Effondrés par l’annonce de la fermeture de leur usine, les ouvriers de l’usine sidérurgique Usinor bloquent la chaussée alors que plusieurs équipes ont d’ores-et-déjà franchi la ligne de départ. L’étape est annulée et le Tour arrêté pour la première fois de son histoire. Les ouvriers en détresse espéraient ainsi sensibiliser l’opinion publique. C’est raté et ils apprirent à leurs dépens qu’on ne touche pas au Tour de France. L’histoire se termine en revanche bien pour les habitants de Fontaine-au-Pire. La direction prend la décision que le village demeurera bien le lieu d’arrivée d’un autre contre-la-montre par équipe l’année suivante.
10 juillet 1991 : Rolf Sørensen perd son maillot jaune sur chute
La course est nerveuse dans les derniers kilomètres qui mènent le peloton de Reims à Valenciennes. Les aménagements urbains qui investissent progressivement les centres-villes rendent les arrivées groupées de plus en plus dangereuses. Porteur du maillot jaune depuis trois jours, le Danois Rolf Sørensen (Ariostea) est pris dans une chute collective. Il ne terminera pas la cinquième étape. Sa clavicule est fracturée. Le lendemain, Thierry Marie (Castorama) s’échappe seul 25 km après le départ de la course qui amène les coureurs d’Arras vers Le Havre et parvient à résister au peloton jusque la ligne d’arrivée 234 km plus loin. Chez lui, le cycliste Normand signe la plus longue échappée en solitaire conclue par une victoire depuis 1947.
3 juillet 1994 : Pinot simple flic fait de la photo
Les Pays-Bas français fêtent le Tour pendant quatre jours à l’occasion du départ du Tour 1994. Le prologue qui se tient à Lille, et remporté par l’Anglais Chris Boardman (GAN), précède rien moins que trois étapes dans la région avant que tout le monde ne prenne le Tunnel sous la Manche pour deux étapes en Angleterre. A l’occasion de la deuxième étape entre Euralille et Armentières, l’inimaginable se produit. Alors qu’il est censé sécuriser l’évènement, un policier se trouve sur la route, à plus de 20 cm des barrières de sécurité, appareil photo en main, pour immortaliser l’emballement du sprint final lancé à plus de 60 km/h. La chute est terrible et glace le sang. Laurent Jalabert (ONCE) ensanglanté, et souffrant de multiples fractures au visage, est contraint à l’abandon, de même que le Flamand Wilfried Nelissen (Novemail-Histor) et l’Ukrainien Alexander Gontchenkov (Lampre-Panaria). Le casse-cou ouzbek Djamolidine Abdoujaparov (Polti-Vaporetto) remporte le sprint. Signalons que le lendemain, le Néerlandais Jean-Paul van Poppel (Festina-Lotus) remporte l’étape Roubaix-Boulogne-sur-Mer tandis que l’équipe italienne GB-MG est la plus rapide à l’occasion du contre-la-montre par équipe qui se déroule entre Calais et Coquelles-Eurotunnel.
6 juillet 2004 : Waterloo borne pleine
La direction du Tour est soucieuse de complexifier la course et de diversifier les routes empruntées. A l’occasion de la Grande boucle 2004, des secteurs pavés de Paris-Roubaix sont intégrés dans le parcours de la troisième étape entre Waterloo et Wasquehal. Le Vosgien Jean-Patrick Nazon (AG2R Prévoyance) remporte l’étape que tous les favoris redoutaient. Elle sera fatale à l’Espagnol Iban Mayo (Euskaltel-Euskadi), guère à l’aise sur les pavés, et qui concéde trois minutes de retard sur ses rivaux. Le lendemain, les vingt équipes s’affrontent dans un contre-la-montre par équipe qu’écrase l’équipe américaine US Postal. Son leader ? Lance Armstrong (US Postal Service-Berry Floor) qui remporte son sixième Tour de France et bat le record conjointement détenu par Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et le Basque Miguel Indurain. Mais convaincu de dopage, l’Américain se voit retirer ses victoires en 2012.
6 juillet 2010 : la célèbre trouée de Wallers-Arenberg au programme
Les favoris sont fébriles au départ de la 3ème étape qui doit mener les coureurs de Wanze en Wallonie à Arenberg. Les pavés tant redoutés sont de retour sur une distance de 13,2 km et imposent leur loi. Lance Armstrong (Team RadioSchack) crève et perd un temps précieux. Quant au Luxembourgeois Fränk Schleck (Team Saxo Bank), il chute et se voit contraint de quitter la course. Fort comme son Dieu, le Norvégien Thor Hushovd (Cervélo TestTeam) remporte l’étape tandis que le Suisse Fabian Cancellara (Team Saxo Bank) reprend son maillot jaune un temps délaissé au profit du Français Sylvain Chavanel (Quick Step).
8 juillet 2014 : Marcel Kittel a les crocs chez les Dogues du L.O.S.C.
Après un départ à Leeds et trois jours en Angleterre, la course arrive dans la région. 163 kilomètres séparent Le Touquet du Grand stade de Lille devant lequel l’Allemand Marcel Kittel (Giant-Shimano) s’attribue le sprint massif auquel chacun s’attendait. Le lendemain, Arenberg-Porte du Hainaut constitue, de nouveau, la ligne d’arrivée d’une étape censée emprunter neuf secteurs pavés. Mais au matin du 9 juillet, le temps est à la pluie et la direction de course prend la décision d’amputer le parcours de deux secteurs. L’étape est néanmoins spectaculaire avec de nombreuses chutes. Parmi les abandons, l’Anglais Chris Froome (Sky), vainqueur de l’édition précédente. Le Néerlandais Lars Boom (Belkin) lève les bras devant le Danois Jakob Fuglsang (Astana). L’Italien Vincenzo Nibali (Astana) est maillot jaune.
15 juillet 2018 : pas d’armistice pour les pavés !
Ce qui devient une tradition n’est pas du goût de tous les coureurs et directeurs sportifs mais la direction du Tour tient bon. Il y aura encore des pavés au menu de la boucle 2018. Plus que d’habitude même avec 21,7 km de secteurs accidentés sur une distance totale de 156 km entre Arras et Roubaix. La citadelle d’Arras ne devait aucunement constituer la ligne de départ de l’étape prévue initialement dans la clairière de l’armistice de Rethondes afin de commémorer le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Mais un évènement à plus de 2.700 km de là va curieusement impacter l’étape. Ce même jour à 17h, les Bleus affrontent la Croatie à l’occasion de la finale de la Coupe du monde de football à Moscou. Aussi est-il décidé d’amputer l’étape d’un bon tiers du parcours. L’Allemand John Degenkolb (Trek-Segafredo) s’impose à Roubaix.
Alors ! Ce 6 juillet entre Lille et Arenberg, à qui le Tour ?
Crédit photo: capture youtube
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine