Samedi dernier, nous revenions sur ce chiffre alarmant de l’INSEE: la région a perdu 40% des emplois dans le textile en 10 ans, entre 2008 et 2018. Mais depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement renouvelé dans l’esprit, nous vend à longueur de temps ses actions en faveur de la réindustrialisation. Bruno Le Maire, ministre de l’économie depuis le mandat précédent la prônait comme un argument de campagne pendant la présidentielle.
La France se remettrait à fabriquer français. Mais que signifie cette expression? Plusieurs situations sont en fait comprises dans cette affirmation:
- un processus 100% français: matière, fabrication, main d’oeuvre, distribution,
- la matière n’est pas française, en revanche, le reste du processus intervient sur le territoire national,
- seule l’assemblage est assuré en France, le tissu vient de l’étranger, la main d’oeuvre n’est pas uniquement française et des distributeurs étrangers se chargent d’écouler les produits.
Dans ce cas, peut on parler de réindustrialisation quand seule l’assemblage et parfois la distribution sont assurées par une entreprise française? Les acteurs économiques n’hésitent pas à faire la confusion, l’essentiel étant de vendre le “made in France”. Dans tous les cas, c’est l’image de l’industrie française qui est redorée. Et la presse le relaie à souhait sans réellement comprendre la teneur de ces opérations.
Une réindustrialisation qui passe par l’emploi immigré
Dans la région, comme déjà évoqué, plusieurs initiatives ont trouvé grâce aux yeux des politiques. Les ateliers Résilience développés au début de la crise sanitaire pour la fabrication des masques a inauguré ce courant. Depuis, ces salariés fabriquent des tee shirts. 2 ateliers à Lesquin et Roubaix avaient employé des centaines de salariés de manière temporaire. Une partie d’entre eux a été embauché de manière pérenne. Cette initiative vient notamment du groupe vitamine T créé par Pierre De Saintignon, célèbre figure socialiste lillois. Il est devenu le premier groupe français dans l’intégration des publics en difficulté dans l’emploi. En avril 2020, il créé Confectio, filiale d’une des entreprises du groupe. Son activité: la fabrication des masques dans l’opération “un masque pour chacun” par laquelle le conseil régional a commandé 6 millions de masque le même mois. Vitamine T met en avant chaque année dans son rapport annuel, l’insertion des réfugiés. Lors de l’opération de fabrication des masques, ce public avait été fortement sollicité.
Plus récemment, l’usine Fashion Cube Denim Center est née il y a quelques semaines et fait la joie des collectivités régionales qui l’ont subventionnée.
Visite en grandes pompes de Damien Castelain et Xavier Bertrand, présidents des collectivités qui ont subventionné (pas de remboursement par l’entreprise)
Dans l’ensemble des articles et reportages effectués dans cette usine, un même constat. Un public en grande partie féminin et immigrée. Nombre d’employées travaillent avec un turban ou un voile islamique.
Démonstrations via les réseaux sociaux de la voix du Nord et de actu.fr

La belle excuse de l’inclusion
Ce sont aussi des personnes non qualifiées, parfois âgées et en difficulté de reconversion qui se retrouvent en contrat de qualification. Une main d’oeuvre pas chère et qui donne bonne image.
Les intentions de ces industriels sont elles seulement louables? Alors que la famille Mulliez a procédé à des centaines de licenciements dans ses structures textile, cette nouvelle forme d’entreprise sert désormais de distributeur à jeans pour les enseignes encore en vie. Une façon de travailler qui a permis d’éliminer une main d’oeuvre plus nombreuse et couteuse au bénéfice de la promotion de l’inclusion immigrée notamment.
Crédit photo : pixabay
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine