Hier, la commission d’enquête a rendu son rapport quant au projet de modernisation de l’aéroport de Lille Lesquin (ADL). Elle est favorable à son agrandissement. Son avis est toutefois assorti de recommandations. Bien maigre pour les habitants et élus opposés au projet. Nouvelle avancée dans ce dossier épineux et contesté par une grande partie de la population par l’intermédiaire de l’enquête publique.
Les avantages seraient supérieurs aux inconvénients
Voilà ce qu’on peut retenir des conclusions des rapporteurs. Ils ont bien repris quelques aspects négatifs mais qui selon eux sont balayés par les bienfaits de cet agrandissement. “Les effets à incidences positives du projet de modernisation […] excèdent ses aspects potentiellement négatifs”.
Pour rappel, le projet comprend l’agrandissement de l’infrastructure, élargissement de certaines pistes, parking augmenté pouvant accueillir 3,9 millions de passagers par an.
Gain de temps pour les habitants de la métropole lilloise pour se rendre vers un aéroport (48 minutes en moyenne), véritable projet de société, les rapporteurs présentent l’agrandissement comme indispensable pour la région.
Oublié l’avis de la population
De nouveau, les oppositions à ce type de projet n’ont pas été entendues. Pourtant plus de 1 400 contributions ont été enregistrées. Les mairies, les associations, des groupes politiques, tous ont émis leurs analyses ou encore les conséquences d’une augmentation du traffic sur leur quotidien.
Ce sont principalement les nuisances sonores qui gênent directement les habitants des communes concernées. Pourtant le couvre feu, qui était la principale mesure demandée par la population avoisinante a été refusé. Le rapport mentionne 3 motifs justifiant le refus:
- La direction d’ADL s’est engagée à limiter les vols de nuit (tarifs plus élevés, fret non privilégie)
- Les vols de nuits ne seraient pas des vols commerciaux mais d’urgence
- Les rapporteurs se défaussent sur la question, précisant que les plans de gêne sonores dépendent de l’Etat.
Il met également en avant la bonne tenue de la concertation avec de nombreuses permanences tenues pour répondre aux questions des riverains. Le rapport indique bien que ” la demande d’une mise en place d’un « couvre-feu » nocturne apparait fortement relayée au cours de l’enquête”. Mais à quoi bon?
Oubliée la protection de l’environnement
Quant à la protection de l’environnement, les conclusions du rapport font grincer des dents les associations écologistes. L’autorité environnementale (Ae) dans ses conclusions précédant l’enquête publique avait donné quelques pistes.
- concernant la faune, ce sont les oiseaux qui sont principalement les victimes des vols d’avion. L’Ae demandait que des prélèvements plus pertinents soient opérés pour comptabiliser au plus près de la réalité des oiseaux touchés,
- pour la flore, l’Ae obtient gain de cause vis à vis d’une demande d’étude d’une durée de 3 ans après l’ouvrage. De quoi s’assurer que les espèces protégées soient évitées et que les espèces exotiques ne se développent pas de manière irraisonnée.
- concernant les terres agricoles, le point positif est que le programme immobilier prévu à proximité n’est pas retenu. La question de la construction de parkings supplémentaires pose question. Tout serait fait pour que sols déjà artificialisés soient utilisés.
Le quasi doublement du nombre de passagers attendu n’est que la conséquence du nombre de vols déployés. La compagnie volotea a inauguré une base et ajouté 6 nouvelles destinations à son panel. Le trafic aérien impacté, mais aussi le trafic routier. Il est déjà un cauchemar pour les habitants avoisinant l’autoroute A1, il sera encore plus développé par la suite.
A l’ère du tout écologique, à l’époque où vous n’avez plus le droit de circuler avec votre voiture au gazole dans certaines grandes villes, ce projet est présenté comme pratique et indispensable à la société. Il est vrai que les dirigeants français n’ont pas hésité à utiliser l’avion simplement pour aller voter. N’oubliez pas, Emmanuel Macron, pour le démarrage de son second mandat a déclaré vouloir “faire de la France une grande nation écologique”, on repassera pour notre région.
Crédit photo: wikipédia
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine