Le miroir du Nord: Quel est votre parcours et dans quel contexte s’est écrit “Sécession”?
YV: Je m’appelle Yann Vallerie, j’ai 37 ans. Je suis rédacteur en chef de Breizh-info.com. Militant politique identitaire, je me suis dis que l’écriture d’un livre sur la Sécession d’avec la République française vampire, qui veut tout contrôler, y compris jusque dans nos foyers, devenait indispensable. Il fallait proposer des pistes pour pouvoir ne plus dépendre, ne plus rendre des comptes permanent, ne plus subir non plus les assauts répétés d’une République, d’un système qui au final ne nous veut pas du bien à nous, les autochtones d’Europe.
MDN: La sécession de “clan” mise en avant dans votre ouvrage peut-elle s’accompagner d’une indépendance vis-à vis de la France?
YV: La Sécession peut prendre différentes formes que j’indique dans le livre : éducative, religieuse, médiatique, politique. Mais bien évidemment se pose et se posera la question de la sécession géographique. Des territoires en France peuvent-ils, demain, décider de se séparer de la France, ou pour certains, reprendre une indépendance qui a une légitimité historique ? Pour la question de la Bretagne puisque c’est ma patrie, je pense clairement qu’un jour ou l’autre cela se posera.
Plus le pouvoir se rapproche des populations, plus la démocratie est saine et respecte les aspirations des peuples. Les outils technologiques dont nous disposons aujourd’hui devraient d’ailleurs permettre à chaque citoyen, tout comme il possède un compte et un identifiant pour payer ses impôts en ligne, de bénéficier d’un compte de votant, qui lui permettrait, chaque semaine, de prendre part à des votes sur la vie de la cité, localement, régionalement, nationalement, et même au niveau européen.
Il n’y aurait ainsi plus besoin d’élus (ce serait donc la fin du clientélisme) , mais uniquement de gestionnaires avec pour obligation d’appliquer les décisions résultant des votations du peuple souverain, sous peine d’être licenciés. Notre société ne s’en porterait que mieux.
MDN: vous parlez de sécession vis à vis des médias. Comment chacun peut y participer ?
YV: Tout d’abord, en incitant les gens de son entourage, notamment les plus anciens, à ne plus lire leur quotidien ou leur JT de 20h comme si cela reflétait exclusivement ce qu’il se passe dans notre société. Si vous n’écoutez que le JT de 20h pendant une semaine, et qu’en comparaison, quelqu’un ne s’informe que sur la presse alternative en ligne pendant une semaine, vous avez là deux personnes qui vivent dans la même commune potentiellement, et qui n’ont pas la même vision du monde, c’est un gros problème.
Pour se libérer de ce biais médiatique, il devient impératif à la fois d’aider, financièrement, matériellement, humainement, la presse alternative, tout en s’imposant à soi même un devoir de rigueur, d’honnêteté intellectuelle, et en continuant aussi à lire et à visionner la presse mainstream qui comporte aussi des informations et des actualités pertinentes et intéressantes. Tout le jeu consiste à ne pas se faire piéger par un biais idéologique quelconque et à penser soi même la société et le monde qui nous entoure.
MDN: Breizh info défend le courant régionaliste. Quelle est actuellement sa teneur en Bretagne? Les actions menées par les divers groupes militants sont elles efficaces ?
YV: Je n’aime pas, personnellement, le terme régionaliste. Le régionalisme, c’est un folklore, un terme presque inventé par le Paris Jacobin pour signifier que finalement, la France aussi a ses Indiens d’Amérique dispersés dans les patries charnelles du territoire.
Je préfère le terme identitaire, enraciné, qui correspond d’ailleurs mieux à ce qu’est Breizh-info.com. Me concernant, et là, ce n’est pas le cas de toute la rédaction, d’où l’importance de faire le distingo, je suis nationaliste breton. Je crois dans l’autonomie possible, dans les cadres d’une démocratie renouvelée que j’ai déjà exposée plus haut. Tout en me sentant profondément européen, de Brest à Vladivostok comme dirait le regretté Guillaume Faye.
La mouvance autonomiste en Bretagne est faible, politiquement parlant. Néanmoins, et cela vous surprendra peut être, l’actuel président de région, Loig Chesnais Girard, membre du Parti Socialiste, a fait beaucoup, pour les langues de Bretagne, pour une plus forte décentralisation, pour un rapprochement avec les autres nations celtes. C’est loin d’être parfait, c’est parfois totalement imbuvable idéologiquement (on est aussi dans la diffusion de la théorie du genre, de l’écriture inclusive et de toutes les lubies sociétales actuelles…ce qui est un danger clair pour la jeunesse), mais ça a le mérite d’exister.
Pour le reste, le mouvement breton n’arrive pas à émerger réellement politiquement parce qu’il ne parvient pas, à mon sens, à passer au delà des traditionnelles revendications (langue bretonne, réunification notamment). Ses représentants ne prennent pas en compte l’évolution, notamment démographique et ethnique de la Bretagne. On parle sans doute plus l’arabe que le breton à Pontanézen, à Brest, ou à Bellevue, à Nantes…et cela ne percute pas visiblement ! Il y a aussi le problème des résidences secondaires, et du statut de résident, sur lequel il serait à mon avis une erreur de laisser le terrain à la gauche qui se refuse à définir qui est breton (en réalité tous ceux qui habitent en Bretagne ou se sentent breton de leur point de vue) et qui ne l’est pas, qui peut être propriétaire, ou pas. Pour cela, on en revient encore et toujours aux lois françaises qui empêchent de discriminer, c’est à dire de choisir. Tant que cela ne sautera pas, on ne pourra rien faire.
Pour les autres régions, je connais moins la situation. Il semblerait qu’en Flandres chez vous, certaines initiatives commencent à prendre de l’ampleur (je pense à la Zannekin fest, ou au développement des écoles bilingues), c’est une bonne chose malgré un retard certain. L’Alsace réclame de sortir du grand est, c’est aussi une bonne chose. La question corse est particulière et ne semble pas particulièrement évoluer malgré des leaders nationalistes à la tête des institutions, je crains une déception dans les années à venir, mais je ne suis pas Corse…
Globalement, tout ce qui va en faveur de nos patries charnelles doit être encouragée face à une République française qui prétend à la fois être universelle (avec tous les maux que cela comporte) tout en persistant dans un centralisme métropolitain étouffant.
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