Accueil Vie des médias Lutte contre l’abstention: jeu commun de la presse et des politiques

Lutte contre l’abstention: jeu commun de la presse et des politiques

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Le soir du 1er tour des régionales et départementales, sur le plateau de France 2, Laurent Delahousse anime la soirée électorale. Et à plusieurs reprises, il s’énerve du comportement des personnalités politiques présentes sur le plateau. Excédé, il dit « comprendre les français qui ne vont pas voter ». Mais pris à partie par Rachida Dati sur le traitement de l’actualité politique par les médias, il approuve ce jugement et avoue « qu’il faut faire quelque chose ». Ces scènes, un soir d’élections, avait marqué l’opinion. Un journaliste juge les politiques…et inversement.

France 2, 21 juin 2021

Les réactions suivent et les initiatives pour contrer le rejet des français contre la politique fleurissent. Le 13/10/2021 se tenait une table ronde sur la participation électorale  à l’Assemblée Nationale. Etaient présents plusieurs représentant de la presse subventionnée qui répondaient aux questions des députés présents. Les organes de presse se sont prononcés sur leur possible rôle dans l’abstention record connue lors des élections régionales et départementales et ont émis leurs propositions pour l’élection présidentielle 2022.

Ces échanges peuvent étonner, établir des liens entre politiques et presse pour favoriser le vote peut interroger. Voir autour d’une même table les représentants de Ouest France, La Croix, Radio France et France télévision et des députés, n’y a-t-il pas mélange de genre…voire de pouvoirs ?

Les tentatives de la presse pour se dédouaner

De manière unanime, les représentants de la presse mettent en cause le contexte politique animé par les candidats aux élections eux-mêmes. Les thèmes abordés par les candidats, notamment celui de la sécurité, hors compétence régionale, n’ont pas intéressé les citoyens. Cela aurait eu aussi l’effet de ne pas faire appréhender correctement l’importance de ces élections aux français, les compétences des conseils départementaux et régionaux étant peu abordées par les politiques eux-mêmes. L’effet présidentielles 2022 ?

Ils se dédouanent aussi par des chiffres, notamment François Xavier Lefranc, rédacteur en chef de Ouest France, média historiquement régional. Les lecteurs solliciteraient l’actualité nationale et internationale.

Un bon moyen de cacher parfois une presse affadie en période électorale : peu d’articles saillants, pas de prise de risque pour ne pas se froisser avec des élus. Une presse qui, finalement, en se protégeant, en devient inintéressante.

L’effet Covid n’a pas dû aider. Les Français, assaillis d’informations, matin et soir par l’épidémie du covid 19, n’ont pas été encouragés à aller voter… la gestion des élections municipales par le gouvernement, 3 jours après le début du 1er confinement a laissé des traces. 

Des solutions très discutables

Les échanges sur les solutions proposées par la presse et les députés présents méritent quelques  réflexions.

Le rédacteur en chef de Ouest France est clairvoyant, les journalistes sont déconnectés de leurs lecteurs : « il faut passer du temps avec les gens » Cette affirmation peut semblait étonnante, voire déconcertante. N’est ce pas le rôle des journalistes de comprendre les gens ? de les écouter et de retranscrire entre autres les comportements ?

Autre affirmation qui fait sourire jaune et qui complète les propos ci-dessus : « mais cela coûte cher ». Pour rappel, les moyens offerts à la presse chaque année par l’Etat sont gigantesques. Le groupe Ouest France a reçu, en 2019, 5.240.637€ d’aides de l’Etat (source : ministère de la culture – 01/06/2021). De manière générale, comme le révèle Médiapart du 7 septembre dernier, la presse est de plus en plus dépendante des aides de l’Etat. Ces aides atteignent 23% du chiffre d’affaires. Les éditions papier sont en berne depuis quelques années, outre le boom de l’internet, l’intérêt du public .  pour pallier ce souci, on y apprend que les détenus dans les centres pénitenciers ont accès gratuitement aux journaux qui sont aussi distribués dans les établissements scolaires, les universités.

Ces 1eres interventions sont comme un méa culpa, il est nécessaire de redorer leur image . Même si la confiance des français en la presse a évolué positivement en 2021 (+2%)  Baromètre 2021 de la confiance des Français dans les media (kantar.com). La gestion de la crise sanitaire par la presse aurait rapproché citoyens et presse.

L’éducation aux médias: la solution pour l’avenir

D’autres sujets ont aussi fait unanimité. La question de la sensibilisation des enfants aux médias, sujet omniprésent du côté de la bien-pensance, est largement abordée. Selon Eric Valmir secrétaire général de l’information du groupe Radio France depuis 2018, les enfants doivent comprendre « l’intérêt du débat d’idées, signe de démocratie ». Ces propos du représentant de Radio France semblent artificiels. N’est ce pas Gilles Bronstein, célèbre journaliste de radio France qui avait déclaré le 7 octobre  «Éric Zemmour n’a pas le droit de venir ici». Le débat est clos.

Toujours sur « l’éducation aux médias », elle ferait partie du « parcours initiatique de l’élève ». Elle doit permettre aux enfants d’aborder les débats sans violence, avec bienveillance, signe de démocratie… et éviter les scènes vues sur les chaînes d’info en continu ou encore celle connue dans le contexte de la mort… de Samuel Paty (sic).

L’autre sujet : l’Union Européenne. France Télévisions va lancer une série de documentaires sur les apports de l’Union européenne lors de la crise. Christophe Tardieu est très fier d’avoir participé à la diffusion pour la 1ere fois en France du discours sur l’état de l’union prononcé par la présidente de la commission européenne. Aucune mention sur le rapport coût pour la France/ fonds reçus de l’union européenne dans lequel la France est perdante. Il lui couterait 70 milliards pour ne percevoir que 40 milliards selon Arnaud Montebourg ou encore les élus du groupe identités et démocratie au Parlement européen.

Cette séquence de la vie institutionnelle est un exemple des liens étroits entre politique et presse. Beaucoup de français sont de plus en plus sceptiques sur ces relations décomplexées. La présidentielle est en ligne de mire, les initiatives pour se faire entendre et lire sont plus que démarrées.

Crédit photo: copie écran site Assemblée Nationale

Le miroir du Nord, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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