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Adieu les Hauts de France…proposition de loi d’un élu RN pour retrouver le Nord Pas De Calais et la Picardie

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Le 4 janvier 2016 actait la création de la région Hauts de France. Adieu le Nord Pas De Calais, adieu la Picardie. Malgré la réticence voire une vraie opposition des habitants, l’hexagone passait de 22 à 13 régions. Les politiques vantaient les économies futures ou encore une simplification administrative. Mais 7 ans plus tard, le compte n’y est pas. Pas d’adhésion des administrés et les économies se font attendre voire les finances publiques se sont détériorées.

C’est dans ce cadre que Michel Guiniot, député picard du Rassemblement National, a déposé une proposition de loi pour revenir en arrière. Explications.

Un referendum proposé aux Picards pour se séparer du Nord Pas De Calais

C’est sous la forme d’un referundum que Michel Guiniot souhaite voir évoluer le statut de la Picardie en donnant la parole à ses habitants.

Cette proposition est signée par les 88 députés RN ainsi que par Nicolas Dupont-Aignan. Elle prévoit qu’en cas d’issue favorable, le referundum soit organisé un an après la promulgation de la loi. Quant à la mise en place des conseils régionaux, elle n’interviendrait  que le 1er janvier de l’année suivant le renouvellement des conseils régionaux.

Quant aux autres modalités institutionnelles mais aussi pratiques, rien n’a été omis. Un travail fourni qui répond aux critiques des habitants de Picardie qui s’estiment perdants dans la réforme de 2015. Il est vrai qu’elle s’est retrouvée victime de la concentration des moyens, vers la métropole lilloise. Mais cela va plus loin. De par l’Histoire de chaque territoire, les habitants n’avaient pas envie de fusionner avec ceux du Nord Pas De Calais.

Rappelons nous qu’au départ, la Picardie devait rejoindre la Champagne Ardennes. Le rapporteur de l’étude d’impact de la nouvelle organisation administrative française voyait le Nord Pas-De-Calais rester indépendante. « Il n’y a pas lieu de regrouper la région Nord-Pas-de-Calais avec d’autres entités régionales ; son dynamisme économique et son emplacement central en Europe font de cette entité un atout majeur pour la France ». Une fusion faite à la va-vite déjà dans les têtes de Jean Pierre Raffarin en 2012 qui sera finalement concrète sous les socialistes.

Le désastre financier de la fusion des régions

Comme évoqué, dans toutes les régions fusionnées, les populations concernées n’ont jamais adhéré à cette nouvelle organisation administrative.

Mais c’est surtout au niveau financier que les promesses d’économies réalisées ont loin d’avoir été atteintes. Dans un rapport de la Cour des Comptes publié en septembre 2019, les magistrats financiers y dénoncent un coût exponentiel pour les 7 nouvelles régions. En cause particulièrement: une rémunération des agents importante mais aussi les défraiements impressionnants versés aux élus. Peu de diminution de personnel, la fusion administrative n’a pas entraîné fusion des ressources humaines. Quant aux notes de frais des élus, leur montant a explosé. Le nombre de kilomètres parcourus par les élus est forcément plus conséquent. Comptez près de 450 kilomètres aller-retour pour une personne habitant Château-Thierry et devant se rendre à une séance plénière à Lille. Et par sécurité et compte tenu d’un temps de trajet important, ces mêmes élus peuvent se voir rembourser les frais d’une chambre d’hôtel.

Le seul bénéfice est venu des groupements de commandes permettant d’optimiser les achats. Mais on est loin des 10 milliards évoqués par le rapporteur de l’étude d’impact émise en 2014. Concernant la gestion des Hauts de France, la Cour des Comptes avait donné un bon point à Xavier Bertrand. Baisse des frais de fonctionnement, optimisation des ressources humaines…tout cela au détriment des agents picards de l’institution. Il a refusé d’harmoniser les salaires des ex institutions provoquant leur colère et même des manifestations.

Une proposition de loi au calendrier approprié

La proposition de loi de Michel Guiniot rejoint une idée qui turlupine Emmanuel Macron depuis quelques temps: le redécoupage du territoire français. Il a évoqué le fait d’envisager de proposer un retour en arrière pour plusieurs régions: Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Auvergne Rhône-Alpes. Des régions mastodontes qui comptent plus de 10 départements aux contextes et situations bien différents.

Emmanuel Macron ne fait pas que des heureux. Les présidents de région savent être à la tête d’un état dans l’état. Profitant de territoires gigantesques, ils possèdent un périmètre de prérogatives qui laisserait jaloux bon nombre de politiques. Prétextant un retour en arrière qui ne serait pas compris des habitants, ils sont vent debout face à une idée dont ils comprennent la portée politique.

On aura pu être surpris du soutien du président de la République à la collectivité unique d’Alsace mettant à mal l’organisation de la région Grand Est. Mais cette manoeuvre n’était faite pour que pour se venger du non soutien de Jean Rottner, alors président de région, lors de la présidentielle 2022. On n’imagine pas le technocratique Macron écouter les habitants des territoires pour demander un retour effectif de leur région passée.

Comme on peut être étonné de voir les 88 signatures des élus du RN, mouvement jacobin décomplexé.

Crédit photo: DR

Le miroir du Nord, 2023. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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