La réforme des retraites continue d’être examinée par le Sénat. L’article 7 visant à prolonger l’âge du travail de 62 à 64 ans était en passe d’être voté cette nuit. Mais Gérard Larcher a finalement arrêté la séance. Il est la mesure la plus observée.
Il y a trois jours, une proposition adoptée par plusieurs sénateurs est passée inaperçue. Elle consiste à mettre une part de capitalisation dans le système de retraite. Pourtant, elle remettrait en cause profondément le principe de la retraite par répartition, qui fait payer les retraites par les plus jeunes.
Plusieurs sénateurs de la région veulent l’étude de l’introduction d’une part de capitalisation dans le système des retraites
Pour assurer une retraite à tous, plusieurs sénateurs ont déposé un amendement pour étudier l’impact d’une part de capitalisation. Le but: inciter les français à se constituer une part de revenu pour leur retraite en épargnant. Ils estiment que le système en place ne pourra assurer une retraite décente. L’épargne pourrait combler des revenus futurs trop bas.

Plusieurs sénateurs de la région ont signé cette proposition dont Marc Philippe Daubresse, élu Les Républicains. On compte également Dany Wattebled appartenant au groupe des Indépendants.
Quant aux sénateurs qui ont approuvé cette mesure par un vote favorable, on y trouve Jean Pierre Decool, du groupe Les Indépendants. Logiquement, Jean François Rapin, du Nord également a voté pour. Les élus centristes, Olivier Henno et Amel Gacquerre se sont abstenus. Logiquement, les représentants des mouvements de gauche se sont opposés face à cette proposition capitaliste. Car comment les salariés aux faibles revenus peuvent se constituer une part de leur retraite?
Les cabinets de conseil dans la ligne de mire des élus communistes
La possibilité d’envisager la retraite par capitalisation a fait réagir particulièrement les sénateurs communistes. Par la voix de Fabien Gay, élu de Seine Saint Denis, la question a été abordée sur un autre angle plus saillant. Derrière cet amendement, se cacherait l’ombre de Black Rock, le très polémique cabinet de gestion d’actifs américain conseil proche d’Emmanuel Macron. Ces cabinets regardent de près l’évolution du système de retraite français. L’introduction d’une part de capitalisation pourrait leur permettre de prendre des parts de marché au système de retraite par répartition.
C’est aussi l’ombre des cabinets conseil et de leurs généreuses rémunérations qui sont visées par le sénateur communiste. Car il en a profité pour aborder la prestation de 957 674 euros versée à MC Kinsey en 2019 pour une prestation concernant les retraites. Information disponible depuis l’émission d’un rapport sur l’externalisation de prestations décidée par le gouvernement.
Ce risque de voir des entreprises de gestions de fonds américains s’introduire dans des fonds français est dénoncé par plusieurs élus depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. Dans plusieurs pays, ce système est mis en place à plus ou moins grande ampleur. On connaît les catastrophes passées de fonds de pension américains qui ont vu des actifs perdre leur épargne. Mais plus près de nous, le contexte économique de l’année 2022 en Belgique a fait perdre en moyenne 16% aux fonds de retraite.
N’oublions pas que les sénateurs n’ont pas supprimé leur propre régime spécial de retraites très favorable.
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Le miroir du Nord, 2023. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine