C’est par une tribune au journal du dimanche qu’ils ont interpellé Emmanuel Macron en direct. 131 parlementaires s’alarment de l’état de délabrement de nombreux édifices religieux catholiques. Certains élus de la région ont participé à cette initiative.
« Nos petites églises rurales » sont « l’âme de la France ».
Ils sont 131 à avoir signé cette tribune. Si on y trouve des noms très connus de la droite comme Eric Ciotti, François Xavier Bellamy ou Valérie Boyer, quatre sénateurs du Nord Pas De Calais y figurent également.
- Jean Pierre Corbisez du Pas De Calais membre du Rassemblement Démocratique et Social Européen (plutôt marqué à gauche)
- Michelle Gréaume du Nord, membre du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste
- Jean Pierre Decool, du Nord, membre du groupe Indépendants, République et territoires
- Dany Wattebled du Nord, membre du groupe Indépendants, République et territoires
On remarquera que des sénateurs LR comme Jean François Rapin du Pas De Calais, proche de Xavier Bertrand ou encore Marc Philippe Daubresse n’ont pas participé à cette lettre.
Voici la tribune publiée dans le journal du dimanche:
Monsieur le président de la République,
« Le véritable exil n’est pas d’être arraché de son pays, c’est d’y vivre et de n’y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer. » Qui aurait pu croire qu’en 2023 ces mots d’Edgar Quinet résonneraient avec tant de justesse ?
Peu à peu la France change, se transforme et nous tendons à ne plus reconnaître ce qui a fait son charme, sa beauté exceptionnelle, son âme, tout simplement. Oui, Monsieur le Président, nos petites églises rurales sont l’âme de la France. Elles sont pour celui qui parcourt les terres et les mers un point de repère précieux qui révèle la présence d’un village. Souvent autour d’elles, le centre-bourg s’organise, le commerce et la vie de la cité se déploient. Tandis que notre époque est lancée dans une course éperdue contre le temps, nos églises continuent imperturbablement de scander la réalité des heures.
À l’écart des constructions modernes, l’église, qu’elle soit de calcaire, de granit, de briques ou de tuffeau, symbolise un îlot de beauté, une bouffée d’oxygène, rare, si rare à notre époque où dominent le bloc et le béton. Pour les anciens comme pour les plus jeunes, elle constitue la mémoire du village, le souvenir de la guerre et des manifestations heureuses. En un mot, elle est l’écrin de nos plus précieux héritages. Oui, nos églises ont un passé. Mais nous voulons aussi qu’elles aient un avenir. Or cet avenir est menacé. Il l’est par les bulldozers, il l’est aussi faute de moyens, dans un silence assourdissant.
Beaucoup de Français l’ignorent, les chapelles et églises, en tout cas l’essentiel de celles construites avant 1905, ne sont que rarement la propriété des diocèses puisque 90 % d’entre elles appartiennent aux communes. Et ce n’est pas en violation de la loi de séparation des Églises et de l’État, qui nous est chère, mais au contraire en application de son article 9. C’est donc aux villages et villes de France qu’il revient d’entretenir cet immense et magnifique patrimoine, élément d’identité, et même souvent d’identification, de celui qui croit au ciel comme de celui qui n’y croit pas.
Mais nos communes sont asphyxiées, étouffées par la prolifération des normes et des dépenses obligatoires. Malgré leur dévouement, les maires et les associations sont condamnés à être les spectateurs de cet abandon. Ils ont la volonté, mais que peuvent-ils sans moyens ? Retenez ce chiffre terrifiant : d’ici à 2030, en l’absence de plan de sauvetage, entre 2 500 et 5 000 églises pourraient disparaître (mission d’information sénatoriale no 765 sur l’état du patrimoine religieux d’Anne Ventalon et de Pierre Ouzoulias). Et chaque jour, ce sont, en moyenne, deux édifices cultuels qui sont vandalisés.
C’est donc à vous, Monsieur le Président, que nous lançons cet appel. Un appel au sursaut, un appel à l’action, comme vous avez su le faire lorsque Notre-Dame de Paris fut submergée par les flammes. Partout les clochers s’effondrent, parfois par l’action de l’homme, plus souvent sous l’effet du temps, pierre par pierre, jusqu’à ce que la ruine soit nettoyée d’un dernier coup de pelleteuse. À chaque fois qu’une église s’efface, c’est un fragment d’âme de la France qui s’évanouit.
Monsieur le Président, il est temps d’agir pour préserver notre héritage plurimillénaire et lui assurer un avenir car nos églises ne sont pas de simples bâtiments : elles sont un patrimoine partagé et vivant. Alors, ensemble, sauvons les petites églises de nos 36 000 villes et villages, car comme le clamait Winston Churchill, « un peuple qui oublie son passé n’a pas d’avenir. »
Le patrimoine religieux catholique abandonné, voire saccagé
Adresser cette lettre à Emmanuel Macron n’est ce pas perdu d’avance? Lui qui avançait l’idée avant le début de son premier mandat qu’il n’y avait pas une culture française.
Lui aussi qui ne bouge pas le petit doigt face au nombre croissant d’actes de christianophobie comme le relève fréquemment l’observatoire de la christianophobie. Mais qui en revanche se prosterne devant la dégradation d’une mosquée ou d’une synagogue.
Dans notre région comme partout ailleurs dans l’hexagone, le patrimoine religieux catholique est en danger. Profanations, pillages mais aussi édifices laissés à l’abandon et risquant la destruction… la liste des menaces est longue, particulièrement en zone rurale. C’est d’ailleurs bien ces territoires que visent les parlementaires.
Mais même à Lille, les édifices catholiques ont souffert. Quel ne fut le choc face à la destruction de la chapelle Saint Joseph.
Ces parlementaires ont eu le mérite d’écrire des mots justes qui reflètent un des maux de la société française. Créeront ils une réaction d’un technocrate mondialiste qu’est Emmanuel Macron?
Crédit photo: wikipédia
Le miroir du Nord, 2023. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine