Plusieurs parents se sont régulièrement élevés contre le manque de moyens de la France pour la prise en charge de leur enfant handicapé. La chambre régionale des comptes Hauts de France a publié un rapport il y a 10 jours concernant la maison départementale des personnes handicapées du Nord. Ce dernier confirme la problématique connue nationalement. Mais les habitants du département du Nord ont une possibilité pour pallier le manque de considération de l’Etat français pour le handicap. Elles trouvent alors une solution en Belgique.
Des milliers personnes handicapées prises en charge de l’autre côté de la frontière
Le rapport de la chambre régionale des comptes concerne la maison départementale des personnes handicapées à compter de l’année 2018. Il y a apporte une précision très importante prouvant un manque de moyens considérables pour la prise en charge des personnes handicapées dans le département du Nord.
Ils sont en 2021, 2 153 dont 699 enfants, à avoir traversé la frontière pour bénéficier d’un centre adapté à leurs besoins. Il s’agit de personnes souffrant de handicap lourd pour lesquelles un accueil en internat permanent s’avère nécessaire. Car sur ce plan, l’offre du département du Nord est très insuffisante.
Les chiffres ne font que croitre depuis 2017. A cette époque 738 personnes handicapées étaient accueillies en Belgique, selon le diagnostic du dernier schéma départemental des solidarités. Elles étaient 1 454 au 31 décembre 2020 dans 202 établissements wallons soit une augmentation qui a plus que doublé en 3 ans. Dans le département du Nord, sur les 67 entrées en établissement belge pendant l’année 2020, plus de 80 % bénéficiaient d’une orientation en maison d’accueil médicalisé (MAS),
qui correspond aux handicaps les plus sévères.
Quant aux enfants nordistes, ils sont 699 à se trouver dans 25 établissements wallons conventionnés. En 2020, ils ont été 122 à intégrer une de ces structures.
La Belgique pose désormais des conditions d’accueil des personnes handicapées françaises
Face à cette situation, la France et la Belgique ont décrété le 28 février 2021 un moratoire national. Depuis cette date, une famille française ne peut être acceptée que si il est prouvé qu’elle ne dispose pas de place en France.
Que signifie cette contrainte posée pour les familles françaises? Se limite t’elle uniquement au périmètre départemental ou national?
Les services français concernés ont détecté que les familles françaises concernées étaient principalement celles de la région mais aussi de région parisienne et du Grand Est. Ils ont admis un soutien financier de 90 millions d’euros dédié depuis 2020 au développement de solutions alternatives. Le but: éviter l’éloignement des personnes handicapées de leur famille. Est ainsi encouragée l’installation de solutions d’accueil nouvelles, telles que des « maisons d’accueil spécialisées à domicile », des services à domicile renforcés ou encore des unités de vie résidentielles pour adultes en situation complexe.
90 millions, une somme allouée qui semble bien faiblarde. Sans compter le manque d’anticipation de l’Etat français qui s’est retrouvé le bec dans l’eau face à la décision des autorités belges. Car au 2 février 2022, selon les chiffres du site informations handicap, 8500 français se trouvent toujours prises en charge par un établissement belge. Encore un signe de tiersmondialisation de la France et cette question récurrente qui se pose: où va l’argent?
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Le miroir du Nord, 2023. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Bonjour,
Ce n’est pas la Belgique qui a décrété le moratoire, mais la France.
Isabelle Resplendino, présidente de l’Association pour les Français en situation de handicap en Belgique (afresheb.com)