Nouveau rebondissement dans le jeu parlementaire qui se joue à l’Assemblée Nationale sur la réforme des retraites. Le rassemblement national, par la voix de Marine Le Pen, présidente du groupe, a déposé une motion de censure…encore une.
Motion de censure pour s’opposer ou pour exister?
La raison de cette motion de censure selon la députée du Pas De Calais est «que les députés opposés » à la réforme des retraites « puissent exprimer leur rejet de ce texte ». Elle vise particulièrement l’article 7 qui décale l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Cette motion devra être débattue et soumise au vote dans un délai compris entre 48 heures après son dépôt – soit vendredi, 17h55 – et trois jours de séance après, soit mercredi.
Cette initiative peut paraître logique pour un groupe d’opposition. Mais va t’elle pas finalement aider Elisabeth Borne à dégainer à nouveau le 49.3 faute de temps parlementaire alors que LFI est en train de retirer des centaines d’amendements?
Des opposants au RN en ont aussi profité pour railler la position du mouvement au sein de l’hémicycle. Jugés passifs, les députés n’avaient déposé que 75 amendements, soit moins de 1 par député. Mais ils ne se sont pas non plus distingués par leurs interventions. Quasi absents sur les discussions liées aux économies à réaliser pour éviter la réforme, ils ont laissé de nouveau la gauche dominer les débats. Au point que même Gabriel Attal, ministre de l’Action et des Comptes publics s’est fendu d’une attaque contre Marine Le Pen. « Vous, il n’y a pas besoin de vous censurer, vous ne dites rien, vous êtes muets, vous n’avez aucune proposition »
Une motion de censure qui laissera des traces
Marine Le Pen ne veut elle pas en fait, faute d’avoir été force de propositions sur la réforme des retraites, faire porter la responsabilité sur les autres groupes d’opposition? Elle sait d’avance qu’ils ne voteront pas sa motion de censure.
Son initiative peut d’ores et déjà nourrir des regrets. Parvenir à l’article 7 est désormais mission impossible et elle en portera aussi la responsabilité. Le retrait de nombreux amendements par la gauche mais aussi une union des syndicats auraient pu aboutir au même résultat que pour l’article 2. L’index séniors a en effet été rejeté par une majorité de députés. N’aurait on pas assister au même résultat par le jeu démocratique et la pression de la rue?
Mais du côté de la rue également, le RN fut inexistant.
Car LFI retire des amendements ce qui satisfait Marine Tondelier satisfaite
Le chiffre de 13 000 amendements est souvent attribué à la coalition de gauche, la NUPES. Mais, ils sont uniquement du fait du mouvement de l’extrême gauche, la France Insoumise. Critiqués notamment par leurs collègues des autres groupes de gauche, ils ont fait des concessions et retiré des centaines d’amendements. Le but: parvenir à voter le fameux article 7.
Ce sont environ 8 000 amendements qui ont été soit retirés soit jugés irrecevables. Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts a félicité la démarche de ses collègues de LFI.
Mais selon les données de l’Assemblée nationale, hier soir ce sont encore 10936 amendements à examiner avant vendredi, minuit. Cela semble compliqué.
Car à cela vient s’ajouter dorénavant la motion de censure du RN qui nécessitera un temps nécessaire d’étude. Et donc du temps en moins pour les articles de loi en eux mêmes. Et qui pour beaucoup constitue une aubaine pour Elisabeth Borne, désormais quasiment assurée d’éviter les débats sur l’article 7
Crédit photo: wikipédia
Le miroir du Nord, 2023. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine