Dans son Flash Hauts de France numéro 147, l’Insee dresse un portait statistique de la Métropole européenne de Lille (M.E.L ). Autant dire que cette étude est purement descriptive et qu’elle ose parfois à se comparer avec les deux autres métropoles concurrentes françaises que sont la métropole de Lyon et celle d’Aix-Marseille.
Géographie démographique
La MEL comptait 1 179 000 habitants lors de son recensement de 2019, avec une densité 1 755 habitants au km2, ce qui peut nous comparer plus aux densités des pays bas qu’ailleurs en France.
95 communes composent notre métropole, dont un tiers (29) compte plus de 10 000 habitants. Lille Métropole avec sa conurbation rassemble 234 500 habitants sur 4 communes Roubaix, Tourcoing et Villeneuve d’Ascq. L’Insee ne nous dit cependant pas quel est le dynamisme démographique de chacune. La MEL se situe en France derrière les plus peuplées que sont Aix-Marseille puis Lyon.
Jeunesse et progression temporelle
La MEL a gagné 20 000 habitants entre 2013 et 2019 alors qu’ailleurs en région la population stagne. Cela est due pour l’essentiel à l’excès des naissances sur les décès tandis que la tendance est inverse avec un déficit migratoire récurrent.

En 20 ans, la population de la MEL ne croit que de 5,2% tandis qu’à Aix-Marseille ou Lyon, cette tendance dépasse les 10% avec +11,3% pour Aix Marseille et +17,7% pour Lyon.
Ces deux métropoles attirent plus de jeunes qu’elles n’en laissent partir. Cependant la moyenne d’âge est plus forte à Aix-Marseille (41,2 ans) et à Lyon (38 ans) contre 37,3% pour la MEL.
Si cette tendance se poursuivait d’ici 2070, la population de la MEL progresserait de 2,4% tandis celle de la région entière baisserait de 10%. ! La MEL maintiendrait voire progresserait tandis que la région se dégrade.
La MEL joue donc cavalier seul en Hauts de France. On peut donc se demander légitimement quand le Conseil régional va se saisir d’une politique d’aménagement du territoire pour un rééquilibrage démographique. La MEL plutôt aspirateur que locomotive ?
Changement de profil
La Métropole lilloise accueille 25% de la population active régionale ce qui est nettement disproportionné pa rapport à ses 18% de la population générale. Les emplois dans le reste de la région diminuent de 0,6% entre 2013 et 2019 tandis qu’ils progressent de 3% sur la MEL.
Cette tendance est due à un changement du tissu économique. Les activités orientées vers l’industrie ne représentent plus que 8% des emplois du territoire. Mais en 2019, la MEL rassemble 37 % des emplois liés aux fonctions de « décisions, de conception, de gestion ou d’intermédiation ».
Niveau de vie
Le niveau de vie médian est de 20 981 €, soit 600 euros de plus que la moyenne régionale (20 355€). Ce sont presque 18% de la population qui vivent dans un quartier prioritaire de la politique de la ville. Ce résultat est de 11% pour Lyon et 16% pour Aix-Marseille. Tandis que le chômage sur la MEL frappe de 2 à 3 point de plus que sur ces métropoles.
Osons une conclusion
Les statistiques démographiques ne sont pas dues au hasard. Elles mesurent les arbitrages qu’exercent les habitants dans leurs projets de vie, leurs choix de vie professionnels ou conjugales. Il appartient aux décideurs publics d’actionner leur politiques vers les rattrapages nécessaires en terme d’aménagement du territoire ou de politique économique.
Le pluraliste Comité Economique Social et Environnemental Régional (CESER) a de nombreuses fois alerté Xavier BERTRAND sur son manque d’évaluation des politiques publiques. Celui-ci, comme d’autres, reste sourd. Le focus de l’INSEE quant aux perspectives démographiques de la MEL en Hauts-de-France objectivise implacablement pour l’instant les carences prospectives de nos exécutifs régionaux. A quand les réponses ?
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Le miroir du Nord, 2023. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine