C’est un communiqué de deux pages qui fait froid dans le dos. Samedi, la présidente de la chaîne affiliée à la Russie, RT France, a annoncé la fin de vie de la chaîne. Les acharnements subis par ce média depuis sa création ont fini par aboutir au pire dans une démocratie: la fin d’un média.
Après l’interdiction de diffusion, le gel des avoirs bancaires
Depuis le 2 mars 2022, la branche française de Russia Today n’a plus le droit de diffusion que ce soit à la télévision ou sur internet dans toute l’Union Européenne. La chaîne fait un recours auprès de la Cour de Justice de l’Union Européenne. Mais cette dernière confirme la décision prise fin février par Ursula von der Leyen. En cause, les prises de position partiales que prendraient les journalistes de la chaîne vis à vis du conflit ukrainien.
La chaîne reçoit de nombreux soutiens. Des juristes se posent la question de la légalité de cette démarche.
Mais cette fois, la nouvelle fronde qui s’est abattue sur la chaîne russe est la dernière et annonce définitivement sa fin. Les comptes bancaires ont été gelés par la direction générale du Trésor. Impossibilité donc de continuer toute activité et de payer le salaire des 123 salariés.

Remise en cause de la liberté d’expression et du pluralisme des médias
La guerre en Ukraine a bon dos et l’occasion était trop belle pour les décideurs politiques européens de s’attaquer à un média dissident. Ces derniers ont été confortés par des journalistes français eux mêmes. L’exemple le plus flagrant fut l’édito de Patrick Cohen, journaliste du service public et donc payé par nos impôts. Il y dénonce “la propagande russe qui continue à se propager en France”. En bon défenseur du pouvoir en place, le petit soldat enfonce la tête de la chaîne russe sous l’eau. Et participe à relayer les critiques émises par plusieurs dirigeants politiques.
Le rédacteur en chef de RT France lui a donc répondu dans une des dernières émissions de la chaîne. Il dénonce également l’absence de soutien de ses collègues.
Des journalistes indépendants intervenant pour ce média ont également relayé le même message. Didier Maïsto, Nicolas Vidal ou encore Eric Revel se sont offusqués des paroles de Patrick Cohen.
La chaîne a lancé une pétition déjà signée par plus de 50 000 personnes et est en passe d’être l’une des pétitions les plus signées sur le site change.org.
Quand un gouvernement participe à la mort d’un média, c’est toute une démocratie qui est en danger. Et quand le système médiatique, lui même, se félicite de cette décision, c’est que le système médiatique est en fait une part du système politique.
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Le miroir du Nord, 2023. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine