Lors du premier confinement, dans la nuit du 9 au 10 avril 2020, un drame écologique se jouait dans le Nord. Ses conséquences allaient dépasser les frontières. Une digue, qui retenait les eaux de lavage de betteraves de l’entreprise Tereos, sucrier à la renommée internationale entraîne le déversement de 100 000 m3 de matières organiques à Escaudoeuvres. L’Escaut, qui traverse la France, la Belgique et les Pays-Bas est très atteint. Des tonnes de poissons étaient morts, l’enquête conclue à la « diminution de 50 % du nombre d’espèces et 90 % des effectifs ».
Une lourde peine mais qui aurait pu être encore plus conséquente
Le deuxième plus grand sucrier au monde s’est vu infliger jeudi dernier par le tribunal correctionnel de Lille une amende de 500 000 euros d’amende et à plus de 9 millions d’euros de dommages et intérêts pour « négligence » dans l’entretien de son usine.
Lors du procès qui s’était tenu les 17 et 18 novembre derniers, les dirigeants avaient exprimé leur désarroi face aux accusations portées contre eux. Ils indiquaient ne pas être responsables de négligence. Par la voix de leur avocat, cette défense était reprise: “Il n’y a pas eu de manquements dans l’entretien de la digue ou dans les travaux du bassin réalisés par Tereos” […] « 80 millions d’euros [avaient] été investis sur le site en cinq ans, dont 2,5 millions sur les digues. »
Les peines qui peuvent sembler très importantes sont en fait pas si sévères que cela. Le montant alloué aux victimes est bien moindre que celui réclamé de l’aveu même de l’avocat de Tereos.
Nouveau cas de mésentente avec la Belgique
Cette affaire de pollution de l’Escaut a été encore un exemple de tension entre la France et la Belgique…voire entre la région et la Belgique. En l’espèce, Corinne Lepage, qui représentait l’Etat Belge, qui a porté plainte contre Tereos va toucher 8,6 millions €. Mais lors de la survenance de cette catastrophe, la Belgique avait été mécontente de la réaction tardive du préfet Lallande. Plus de deux furent nécessaires au représentant de l’Etat pour prendre le dossier en main. Le confinement n’a pas aidé la procédure. L’indemnisation a tout de même satisfait les autorités belges. Le préjudice écologique a bien été reconnu.
Actuellement plusieurs dossiers provoquent la colère de décideurs politiques des deux côtés de la frontière. L’éolien échauffe les esprits. Que ce soit l’éolien terrestre en Pévèle ou en mer à Dunkerque, les relations ne sont pas au beau fixe. Autre dossier pour lequel les dirigeants belges estiment n’être pas informés des suites voulues: le possible RER régional pour lequel les politiques lillois verraient bien une prolongation jusque Courtrai. Très bien mais lors de cette annonce, les autorités flamandes n’étaient pas au courant de cette volonté.
Quelques kilomètres séparent seulement notre région à la Wallonie et à la Flandre, voisins les plus directs…pourtant mal traités.
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Le miroir du Nord, 2023. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine