Personne n’aurait eu écho de la dernière annonce d’Emmanuel Macron quant à la construction de RER dans 10 métropoles. Comme il aime le fait, le président de la République s’est à nouveau mis en scène sans prévenir ses conseillers et membres du gouvernement.
Pour l’instant, toutes les modalités d’exécution ne sont pas connues, notamment celles relevant de l’aspect financier. Car ce sont des centaines de millions d’euros qui seront nécessaires pour faire de ces transports l’équivalent du RER parisien.
En revanche, l’une des données certaines est que la ville de Lille est concernée par ce projet.
Un RER régional: l’arlésienne
Daniel Percheron, qui fut successivement député européen, sénateur mais surtout président du conseil régional Nord Pas De Calais pendant 15 ans, avait toujours émis cette idée de RER. Son ambition, déjà l’époque, était de décharger le flux de plus en plus impraticable de la métropole lilloise. Pour cela, il avait imaginé un RER entre le bassin minier et la capitale flamande.
Comme cela a pu suivre son cours pendant des décennies pour le Canal Seine Nord, sa réalisation resta lettre morte. En 2015, toutes les ficelles du projet étaient fixées. Ce réseau express grand Lille liera le bassin minier d’Hénin Beaumont à Lille pour aller jusque Courtrai. Les gares étapes étaient arrêtées, tout comme le budget: 2 milliards d’euros.
Puis Xavier Bertrand arrivant à la tête de la région, le projet fut mis de côté. A tel point que le CESER Hauts de France, lors de son avis sur le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) 2020-2025 avait émis plusieurs recommandations pour remettre le sujet sur le tapis. En cause, l’absence de vision globale sur les transports de voyageurs n’incluant pas notamment le projet de RER pour lequel le foncier nécessaire était imprévu. Le président du conseil régional trouvait le prétexte de vouloir étendre le projet jusqu’en Picardie.
Plus récemment, il y a une semaine, un accord de coopération devait être signé entre la MEL et la CAHC (communauté d’agglomération Hénin Carvin) dans lequel le réseau express grand Lille figurait. Mais en l’absence du président de la MEL, Damien Castelain, cela fut reporté.
Le projet annoncé par Emmanuel Macron pourrait il réaliser ce voeu?
Particularités pour le futur RER lillois
Si l’ensemble des grandes villes n’est pas encore connu, on sait d’ores et déjà que ce projet connaîtra un budget supplémentaire pour le RER lillois. En cause, la nécessité de construire de nouvelles voies vers le bassin minier. Des aménagements seront aussi indispensables à Lille avec la création d’une nouvelle gare. Ce sont à minima 3 milliards qui seront déboursés.
Franck Dhersin, vice président aux transports à la région se dit satisfait quant à la prise en charge de ce projet par l’Etat. Il se pose tout de même des questions quant à la réelle intention du président de la République. Comment expliquer alors le rejet d’un amendement transpartisan de LFI-PS-LR à l’Assemblée nationale abondant le budget des lignes ferroviaires?
Davantage d’informations pourraient être connues le 8 décembre. Une réunion est prévue le 8 décembre.
Encore des projets et du budget pour les métropoles
Encore une fois, ce sont les mêmes territoires qui sont délaissés : les campagnes et les petites villes. Ces dernières ne bénéficieront pas en direct de ces aménagements. Dans la région, les lignes iraient de Courtrai à Lille, de Saint Omer à Hazebrouck, de Carvin à Arras. Là où le TER existe déjà et là où le plan d’aménagement des transports a eu moins d’impacts pour les voyageurs.
La question de la fermeture des petites lignes est de nouveau mise de côté. En outre, si des nœuds ferroviaires viennent à correspondre entre TER et RER, cela risque d’apporter davantage de cafouillages dans la régularité des TER.
Clément Beaune, ministre délégué aux transports, a annoncé également des actions envers les petites lignes avec la relance de 9000 kilomètres de trajets. Annonce moins retentissante qui n’évoque pas les difficultés connues par les voyageurs de ces lignes de campagne.
Ces projets verront peut-être le jour sur le long terme. 10 ans à minima seront nécessaires. D’ici là la souffrance des voyageurs, elle, est bien présente. Car ces RER ne concerneront que 10 millions de français…
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