Alors que se sont ouvertes hier les discussions sur le projet de loi sur les énergies renouvelables, Agnès Pannier Runacher, ministre dédiée, connaît d’avance un obstacle venu du Sénat. Devant la commission de l’aménagement du territoire du Sénat, Didier Mandelli, co-rapporteur LR du texte au Sénat a fait passer un amendement significatif. Son objectif: permettre de redonner le rôle premier aux maires dans les projets éoliens en lui attribuant un droit de véto. Un coup porté directement au projet proposé par le gouvernement d’Elisabeth Borne qui a pour ambition d’accéler sur l’éolien.
Des propositions sur l’éolien terrestre et off shore
L’amendement déposé propose d’offrir la possibilité aux élus locaux de faire « évoluer » un projet d’implantation d’éoliennes terrestres en 2 temps et chose importante, avant une demande d’autorisation de la préfecture.
- dans le cadre d’un échange encadré avec le porteur de projet,
- Puis, les mêmes élus valident ou pas l’implantation du projet.
Voilà ce qui fait particulièrement bloquer les pro-éoliens.
Concernant l’éolien en mer, le sénateur suggère d’implanter les éoliennes au moins à 40 kilomètres des côtes. Ce qui mettrait le projet éolien en mer de Dunkerque dans des conditions non valides pour se développer. Pour rappel, les éoliennes sont prévues à 10 kilomètres de la côte.
Des propositions qui risquent de diviser les groupes politiques
Cette position émise par un sénateur LR sera t’elle suivie par ses collègues députés ? Les Républicains sont devenus un soutien indispensable pour Renaissance, groupe de la majorité présidentielle qui n’a qu’une majorité relative à l’Assemblée. Selon Olivier Véran, il n’y a pas d’inquiétude à avoir quant à l’issue du vote de la loi sur les énergies renouvelables.
Du côté du rassemblement national, les nouveaux élus devraient adhérer à ces idées. Marine Le Pen s’est encore récemment exprimée quant à la nécessité d’arrêter l’éolien voire de démonter les éoliennes.
Quant à la NUPES, l’ensemble des sensibilités composant ce groupe devrait normalement voter contre. La gauche écologiste est favorable à cette énergie alternative. Mais certains députés de terrain et élus en zone rurale seront ils à l’aise vis à vis de cette question. Leurs électeurs et leurs administrés sont en grand majorité contre les éoliennes près de chez eux. François Ruffin est député de la Somme, département le plus concerné avec l’Aisne par le nombre de mats éoliens qui s’étalent sur des dizaines de kilomètres.
Les députés du Nord Pas De Calais favorables à une décentralisation et au respect de la vie locale à suivre
Fabien Roussel, député du Nord et Jean Marc Tellier, député du Pas-De-Calais ont été le 12 octobre dernier signataires d’une tribune dans Marianne. Appelant à une décentralisation saine opérée par le gouvernement, ils veulent éviter des décisions incohérentes subies par les territoires qui amènent à des tensions avec les habitants. L’éolien est bien un de ces sujets amenant à des contestations. Vont ils suivre cette cohérence? Cette question se posera encore plus pour Guy Bricout, député du Nord. Il est déclaré adhérent à l’association vent des maires qui milite pour le respect de la démocratie locale lors de projets éoliens.
Le vote de cette proposition risque de créer quelques tensions au sein des groupes. Ou assisterons nous à des prises de position incohérentes.
Crédit photo: jolienvandegriendt pour Wikimedia
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine