Hier, des manifestants de 11 associations et groupes différents ont envahi l’hémicycle de l’assemblée de Corse. Ils voulaient faire entendre leur voix vis à vis de la situation des prisonniers politiques. Malgré un espoir donné par la Cour de Cassation à Pierre Alessandri pour une future semi-liberté, ils réclament aux élus d’aller plus loin. En ligne de mire, l’attitude de l’exécutif corse mené par Gilles Simeoni vis à vis de la France.
Une résolution votée à l’unanimité
C’est directement par le compte de l’assemblée de Corse que la nouvelle tombe. Vers 22 heures, une résolution est votée par les élus. Et ce, à l’unanimité.

Le groupe de Jean Martin Mondolini a tout de même exprimé son désarroi face à la méthode utilisée par les manifestants qui ont provoqué quelques heurts lors de leur entrée dans les lieux.
Une résolution qui va au-delà du sort des prisonniers politiques
Cette résolution renverse les allégations du gouvernement et de Gérald Darmanin quant à la notion de troubles à l’ordre public. S’il y a trouble, c’est du fait du maintien en détention des prisonniers corses alors que la société corse est favorable à leur libération. La volonté est de mettre l’état Français en position de responsable.
En outre, la libération quant à la sortie des prisonniers politiques n’est plus une simple revendication. Elle devient un préalable obligatoire aux discussions avec les représentants français. Un stade supplémentaire d’exigence a donc été posé.
Au-delà du sort de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, c’est aussi l’assassinat d’Yvan Colonna que les associations ont en tête. Elles ont rappelé la nécessité de faire toute la vérité sur le meurtre perpétré dans la prison de Arles en mars dernier par un islamiste radicalisé.
Enfin, l’inscription au FIJAIT (fichier national des auteurs d’infractions terroristes), sanction infligée à plusieurs militants corses doit, selon eux, être infligée uniquement aux terroristes islamistes. Mais aussi l’abandon des charges contre les militants poursuivis dans le cadre des mobilisations passées.
L’exécutif corse sous pression
Les événements qui se sont déroulés hier ont pris une tournure inhabituelle dans une institution représentative. La résolution fut adoptée après une pression exercée sur l’ensemble des élus. Mais c’est surtout l’exécutif dominé par le mouvement Femu A Corsica qui est appelé à faire bouger les choses plus vite. Depuis des semaines, les jeunes militants de plusieurs syndicats étudiants notamment, estiment que le dialogue avec Paris doit être rompu.
Le souvenir des événements de mars dernier lors de l’agression suivie de la mort d’Yvan Colonna est dans les têtes de tous. L’enseignement fut que ce sont les manifestations pour certaines violentes qui furent avancer les choses. Même si Gérald Darmanin cherche des excuses pour les freiner, en quelques semaines, l’avancée fut considérable.
Hier, en quelques heures, une résolution reprenant l’ensemble des revendications des onze associations était actée. Rappelons qu’à 2 reprises la collectivité a statué en faveur de la libération des prisonniers. Comme le rappelle Simon-Paulu Ferrandi « ça ne suffit pas. La situation est ubuesque. Le maintien arbitraire des gens en détention ne peut plus durer. Le processus ne peut pas être viable, si la question des prisonniers n’est pas réglée. Nous attendons que l’Assemblée de Corse aille plus loin dans la démarche ».
Que donneront ces événements dans la suite du processus débuté timidement avec Gérald Darmanin? Une nouvelle occasion pour le tourquennois de trouver une excuse de rester sur le continent?
Crédit photo: capture photo viastella
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine