Le secteur de la bière, en pleine expansion depuis 5 ans, subit aussi les méfaits de la crise énergétique. Payer les charges s’annonce compliqué entre hausse du coût de l’énergie et des matières premières. Mais sont-ce les seules explications ?
Récemment, c’est la brasserie De Katsbier émettait une nouvelle alerte. Situé à Météren, l’établissement via sa page facebook annonce des difficultés de trésorerie suite à une baisse de ses ventes de 20%.

Les responsables semblent dans l’incompréhension et demandent l’avis des amateurs de bière, particulièrement de leurs bières. De Katsbier fait partie de ces micro-brasseries qui sont parvenues à se faire un nom. La gamme est étendue, les visuels travaillés et le goût apprécié, un cocktail parfait pour un développement continu. Et pourtant.
Le syndicat des brasseurs de France tire la sonnette d’alarme
Ce constat est partagé par le syndicat des brasseurs de France. Entre périodes de confinement et de fermetures administratives des bars et restaurants, les brasseurs ont été directement concernés par des décisions parfois incompréhensibles. L’augmentation des prix du verre et du carton contribuent également à l’inquiétude de la filière. En juillet dernier, le syndicat demandait que la grande distribution prenne en charge une partie de ces augmentations. Malgré la signature d’une charte d’engagement entre les acteurs, la prise en charge n’est pas appliquée.
La semaine dernière, le syndicat a réitéré ses inquiétudes. C’est un véritable appel à l’aide qui est lancé vers les pouvoirs publics:
“Néanmoins, afin que notre filière demeure un fleuron de l’agroalimentaire français, nous demandons aux pouvoirs publics de mettre en œuvre au plus vite des actions pour préserver et soutenir notre activité, en :
- Prenant en compte les particularités et les enjeux de la filière agroalimentaire ;
- Instituant un bouclier tarifaire pour toutes les entreprises, quelles que soient leurs tailles et leurs capacités de production ;
- Favorisant la prise en compte de la hausse des coûts de production par la distribution ;
- En mettant en place un plan d’investissement pour nos entreprises, visant à optimiser leur consommation d’énergie.“
Une cité de la bière qui ne verra pas le jour
En novembre 2019, Xavier Bertrand propose la création d’une cité de la bière. Permettant d’allier tourisme brassicole et soutien à la filière économique, elle permettrait un rayonnement supplémentaire pour la région.

Mais depuis quelques mois, le projet a été mis aux oubliettes. Selon le président de région, cette solution ne conviendrait pas et il serait préférable de créer différents parcours pour un rayonnement plus grand du secteur. Pourtant les brasseurs étaient enthousiastes devant ce projet. Ils y voyaient la possibilité de démocratiser la bière au même titre que le vin.
Un problème lié au nombre de micro-brasseries
Le nombre de micro-brasseries a été multiplié par cinq entre 2013 et 2019. Elles sont au nombre de 2400 à fin 2021, elles n’étaient que 200 en 2007. Ce phénomène concerne toutes les régions.
N’est ce pas là aussi une autre difficulté pour les brasseries artisanales installées depuis plusieurs années? L’offre s’est densifiée mais le public reste sensiblement le même. La gente féminine se tourne davantage vers le houblon mais la proportion n’est pas aussi importante que celle du nombre de brasseries créées.
Dans les moindres coins du Nord et du Pas-De-Calais, combien de villages comptent leur micro-brasserie? Et cela fonctionne, preuve que le localisme fonctionne et plait aux consommateurs. Mais cette concurrence entre brasseurs peut-elle à ce point être responsable en partie des difficultés connues des professionnels ?
Crédit photo: flickr
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine