L’INSEE a publié une étude intéressante mais à regarder avec hauteur. Elle concerne l’évolution de la réservation des hébergements proposés par des particuliers via des plateformes. Les résultats sont à relativiser pour plusieurs raisons:
- ils sont basés sur des données datant de 2019,
- ils renvoient aux outils que sont AirBnB, Tripadvisor, Booking et Expedia Group. C’est Eurostat, la direction générale de la Commission européenne chargée de l’information statistique à l’échelle communautaire qui a conclu à un accord d’échanges de données avec ces 4 organismes début 2020,
- ils sont antérieurs aux conséquences de la crise sanitaire. Cependant, l’année 2022 ayant connu une situation presque similaire à celle de 2019 (hors pays qui n’ont pas ouvert leurs frontières aux non vaccinés), ils sont significatifs sur l’état du tourisme régional.
Des plateformes moins utilisées que dans le reste de l’hexagone
C’est un premier constat: les plateformes de réservation touristiques ont moins de succès qu’ailleurs en France. En regardant le chiffre du nombre de nuitées réservées rapporté à la population régionale, les Hauts de France se classent même derniers. C’est pour des visites dans le Pas-De-Calais qu’elles ont été le plus utilisées (38%). Derrière arrive le département du Nord (33%) pour lequel le chiffre est à relativiser. Lille concentre à elle seule 23% des réservations, ce qui laisse au reste du territoire une part maigre de visites.
Une bonne nouvelle pourrait-on penser pour le secteur hôtelier. Ces plateformes sont souvent décriées par les professionnels de l’hôtellerie qui souffrent d’une concurrence déloyale particulièrement vis à vis de AirBnb. Mais selon les chiffres du comité régional du tourisme et des congrès, à la même période, le taux d’occupation des hôtels n’était que de 59%. Ce qui classait la région à la 5eme place. Il n’y a donc pas effet de vase communiquant.
Une attractivité touristique en berne
Pour plusieurs points, ces chiffres démontrent que la région ne parvient pas à élever son attractivité touristique. Car autre donnée à avoir en tête, l’année 2019 et encore plus 2018 ont été exceptionnelles. La région, particulièrement le Pas-De-Calais avait connu regain d’attractivité du tourisme observé en lien avec les commémorations du centenaire de la fin de la première guerre mondiale. Par conséquent, l’effet est retombé.
Même si un rattrapage a commencé à apparaître fin 2021, levée des restrictions sanitaires aidant, il n’y a pas non plus l’effet connu en 2020 en pleine crise covid. Beaucoup de locaux ou des habitants de régions annexes, telles la Normandie ou la Région Parisienne, en avaient profité pour découvrir la région. La Côte d’Opale avait particulièrement profité de ce tourisme résident.
Mais désormais, ces problèmes sont derrière nous et les Français ont repris leurs habitudes: Sud de la France, voyages à l’étranger ont été au menu cet été.
La région connaît un tourisme de courte durée. Même la fréquentation de Lille, malgré des dessertes faciles de Paris, est bien inférieure à des villes comptant bien moins d’habitants. Principalement occupée par le tourisme d’affaires, elle se classe 10eme ville française en nombre de nuitées réservées.
Sur bien des points, la région connaît une attractivité en berne. Une offre insuffisante de logements ou problème structurel ? Avec la crise énergétique subie et qui sera encore plus forte cet hiver, les hotels risquent de connaître une période difficile. Le chauffage fait tout de même partie du confort minimum attendu des touristes.
Crédit photo: wikipédia
Le miroir du Nord, 2021. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
