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Entretien avec NADA, le collectif qui s’oppose à l’extension de l’aéroport de Lesquin

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Nous vous avons à plusieurs reprises relaté les actions du collectif NADA (non à l’agrandissement de l’aéroport de Lille Lesquin. Tout comme pour les projets éoliens ou de méthanisation, des habitants, des élus s’opposent à ce qu’ils considèrent comme une ineptie écologique. Sans compter les nuisances que des milliers d’habitants de la métropole de Lille subissent. Pascal, un membre du collectif et habitant à quelques kilomètres a répondu à quelques questions et expliqué les silences des élus face à cette opposition.

Pouvez vous présenter ainsi que l’origine de l’association et ses revendications

J’habite Fretin depuis 20 ans, d’abord au centre du village, et depuis 2019 en bout de village, sous la trajectoire d’envol vers l’est. A mon emménagement, j’ai découvert qu’au même moment, le “chevelu” des trajectoires s’était fortement resserré et déplacé de Péronne-en-Mélantois vers Fretin. Les avions passent donc maintenant à la verticale de la maison, alors que l’ancienne trajectoire passait entre les 2 villages et impactait donc moins d’habitants. Soyons clair, je ne découvre pas la présence de l’aéroport, ni ne souhaite rejeter le passage des avions vers le voisin, mais seulement là où il était, au médian des habitations, au-dessus de l’autoroute.

Où en est aujourd’hui l’association?

Quand j’ai appris que cette petite affichette jaune illisible apparue sur quelques ronds-points (un comble !) était une information d’enquête publique concernant une extension de l’aéroport, j’ai été immédiatement scandalisé. A l’heure où le dérèglement climatique est avéré et menace tous les équilibres écologiques et sociétaux, ma région veut augmenter le trafic aérien ! Nous sommes loin des jolies communications officielles de cette dernière qui tombe dans ma boite aux lettres.
Je me suis donc rapproché des collectifs de citoyens qui commençaient à se mettre en place (“les survolés”). Puis j’ai adhéré à NADA, l’association qui se propose de les fédérer pour permettre d’aller plus loin.

“L’agrandissement sous couvert hypocrite de modernisation est un projet d’un autre temps”

Voici quelques-unes de nos revendications :

·         L’agrandissement sous couvert hypocrite de modernisation est un projet d’un autre temps à contre-courant des engagements nationaux et de la MEL en termes de réduction des émissions de GES. En 2019, un tiers du trafic correspondait à la ligne Lille-Lyon uniquement et deux tiers du trafic était remplaçable par le TGV en France. Cette extension pour doubler la capacité de l’aéroport n’a pas lieu d’être à l’heure où la MEL s’est engagée à réduire de 45% ses émissions de GES en 2030 !

·         La mise aux normes européennes ne correspond qu’à seulement 1,3% du budget annoncé de 100,9M€ de ce projet de “modernisation”. Nous sommes pour la mise aux normes de sécurité mais contre ce projet d’extension qui englobe un élargissement des pistes, une extension de parking, un parking à avion et surtout l’extension de l’aérogare. C’est pourquoi, nous nous opposons à l’élargissement des pistes permettant le vol de gros porteurs (catégorie E) qui sont beaucoup plus lourds, bruyants et polluants.

·         De plus, nous demandons la mise en place d’un couvre-feu nocturne de 7 heures minimum pour préserver la santé des riverains. Nous demandons une étude sanitaire sur les émissions des particules ultra-fines liées à l’ADL. L’implantation d’ADL sur les champs captants requiert une vigilance accrue pour protéger ce bien commun et vital qui représente 40% des réserves en eau potable de la MEL.

“La participation massive à l’enquête publique a montré que cet agrandissement allait à contre-courant du souhait citoyen”

Comment sont accueillies vos actions et revendications par les élus des territoires concernés, les riverains?

La participation massive à l’enquête publique (1500 réponses majoritairement négatives) a montré que cet agrandissement allait à contre-courant du souhait citoyen. La conclusion du commissaire enquêteur a tout balayé du revers de la main, générant un sentiment de déni démocratique initié par la faible publicité donnée à cette enquête.

J’ai donc participé à du porte-à-porte dans les villages alentours et me suis aperçu que la grande majorité des habitants n’avaient aucune information sur cet agrandissement et accueillaient positivement notre démarche. Encore aujourd’hui, 6 ans après que ce projet a émergé, nombreux encore sont les riverains qui en ignorent l’existence et les enjeux. Notre pétition a recueilli à ce jour plus de 13.000 signatures. Les maires des communes impactées, représentant 55.000 habitant-es, se sont majoritairement positionnés contre l’agrandissement, et souvent pour la modernisation. Les maires de Lesquin et Fretin ont refusé de signer le permis de construire. La majorité des élus de la MEL n’étant pas favorables à ce projet, ce dernier a été validé par une assemblée restreinte de 35 élus favorables.

Comment s’est déroulée la dernière séance du SMALIM? Comment réagit l’exécutif régional face au projet?

La MEL et la Région communiquent sur la protection stricte de nos ressources en eau…sauf pour l’aéroport ; interdisent toute future artificialisation des sols…sauf pour l’aéroport ; s’engage à réduire de 45% ses émissions de GES en 2030, mais « accompagne la croissance inéluctable du trafic » au lieu de mettre tous ses moyens à le réduire, notamment en redirigeant ses moyens sur le train voyageur et fret qui ne cessent de diminuer au local.

Majoritairement, ce projet ne trouve pas l’adhésion attendue. Tout comme on peut le rencontrer dans la mise en place des éoliennes ou de méthaniseurs, la population semble ne pas être écoutée. Quelles seraient les solutions pour que cela change?

Et bientôt, le préfet, après avoir donné son autorisation environnementale, passera outre le refus de permis de construire des maires. Mais que faut-il faire pour que le territoire et ses habitants soient entendus !?

“Mais que faut-il faire pour que le territoire et ses habitants soient entendus !?”

Nous avons manifesté devant le siège d’Eiffage, des mairies et le siège de région lors du dernier SMALIM, lors duquel les maires ont pu réitérer leurs désaccords devant son président, Christophe Coulon, concernant le changement de trajectoires, le couvre-feu ou l’agrandissement. Seuls éléments de réponse avancés, la mise en place de quelques micros de captation de bruit supplémentaires, la promesse de futures sanctions financières plus efficaces qu’aujourd’hui envers les compagnies qui ne respecteraient pas les limites et enfin le maintien du trafic de nuit à son niveau de 2019. A l’écouter, l’avion c’est l’avenir. Ce n’est pas ce que la société post-Covid me laisse à entendre, entre urgence climatique, annonce de réduction de trafic d’aéroports étrangers ou rejet de cette société là par les diplômés de nos grandes écoles.

Crédit photo: DR

Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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