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Mort d’Yvan Colonna, les corses veulent la vérité

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Il était attendu comme le lait sur le feu par toute la Corse. Le gouvernement a rendu public, après une annonce contradictoire 3 heures auparavant, le rapport de l’Inspection générale de la Justice. Elisabeth Borne a estimé que le contrat de confiance était rempli par la publicité du rapport sur les circonstances de l’assassinat d’Yvan Colonna. Malgré cela, les Corses restent sur leur faim et clament qu’ils feront tout pour connaître la vérité.

Manquements, sanctions, un rapport à la sauce technocratique

Le rapport de l’Inspection générale de la Justice prend modèle sur un rapport d’audit et de contrôle: constats, recommandations. On y retrouve des termes propres à l’administration pénitentiaire jusqu’au nom du logiciel dédié à cette institution.

Trois décisions prises:

  • sanction contre un surveillant et l’ex cheffe d’établissement
  • application du processus d’évaluation des détenus radicalisés
  • revoir le fonctionnement du système de vidéosurveillance

Les remarques concernent des processus internes et ne remontent pas aux possibles causes premières de l’assassinat du berger Corse. Elles sont également très légères sur les explications données sur la complaisance des institutions vis à vis d’un terroriste islamiste de la dangerosité d’Elong Abé. Le rapport attaque les compétences des agents, le manque de professionnalisme de l’ex directrice mais ne va pas plus loin.

Une retranscription tronquée

Présomption d’innocence oblige, le nom de Franck Elong Abé n’apparaît pas dans le rapport. Un simple X est indiqué lorsqu’il est fait mention de sa personne. Cynique quand on se rappelle de la déclaration de Nicolas Sarkozy lors de l’arrestation d’Yvan Colonna. “La police française vient d’arrêter Yvan Colonna, l’assassin du préfet Erignac“. La suite a une portée encore plus significative. ” La force est restée à la loi, la loi de la République, oui il y a vraiment quelque chose de changé dans notre République, maintenant, nous faisons ce que nous disons“. Idem pour le nom des 2 chefs d’établissement successifs, ce qui est la norme dans un rapport d’audit. C’est la fonction qui est reprise et non le nom de la personne employée.

Autre élément, s’il est bien évoqué que le débranchement temporaire de la vidéosurveillance, il n’est pas indiqué l’horaire auquel cela a eu lieu. Il est dit de manière affirmative que cela n’a eu aucune incidence.

Le parcours de Franck Elong Abé est détaillé. Son comportement problématique est retranscrit. Mais son passage dans l’établissement de haute sécurité de Condé-Sur-Sarthe indique que c’est le personnel de la prison qui veut le voir quitter les lieux.

Sauf que c’est lui même qui veut quitter les lieux. Elong Abé incendie plus de 10 fois sa cellule lors de l’été 2019, pour quitter à tout prix les lieux. Comme il n’a pas satisfaction, il provoque incident sur incident comme l’indiquent nos confrères de Breizh Info dans un article de 2019.

Chose voulue, chose due. Contrairement à Yvan Colonna qui demandait depuis des années à retourner en Corse sans succès et avec mépris, le djihadiste au comportement violent dès son retour d’Afghanistan obtient gain de cause.

La vérité avant tout

Pour beaucoup de Corses, ce rapport était écrit d’avance. Sanction contre les agents, constats tardifs, cela ne va pas assez loin à leurs yeux. L’un des avocats d’Yvan Colonna, Emmanuel Mercinier-Pantalacci a ainsi déclaré “Les responsabilités individuelles des surveillants ne sauraient masquer celle, fondamentale, du pouvoir politique qui a délibérément empêché Yvan Colonna de purger sa peine près de chez lui, en violation des règles pénitentiaires, par vengeance d’État”.

Le président du conseil exécutif de l’assemblée de Corse, Gilles Simeoni, a tenu le même discours lors de la dernière session de la collectivité. Il déclare même savoir que tous les éléments ne sont pas versés au dossier.

Mercredi dernier, les 3 députés nationalistes ont déposé une proposition de résolution à l’Assemblée nationale. Pour cela, ils ont été soutenus par 6 autres députés dont Guy Bricout, député du Nord. Ils demandent la création d’une commission d’enquête, composée de trente députés. Ils veulent comprendre comment Franck Elong Abé a pu, au vu de son passif, et de son profil, “exercer la fonction d’auxiliaire de service rémunéré”, et “se retrouver sans surveillance en présence d’un autre détenu, frappé du statut de détenu particulièrement surveillé”. Si cette demande est validée, l’enquête pourrait débuter à l’automne prochain.

Compte tenu de toutes ces circonstances, le statu francese assassinu (l’Etat français assassin) clamé par une majorité de Corses n’a pas fini de résonner. Ce n’est pas le mot autonomie qui changera quelque chose

Crédit photo: DR

Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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