Demain débutera la plus importante des fêtes musulmanes: Aïd el-Kebir. Elle durera jusqu’au 13 juillet. A cette occasion, selon la tradition musulmane, on doit sacrifier un animal à 4 pattes. Cela peut être une vache, une chèvre, un agneau. Mais la préférence et l’aspect pratique font que ce sont les moutons qui sont les plus prisés des fidèles.
La Préfecture obligée de rappeler la réglementation à respecter
Cela paraît surprenant mais officiellement le représentant de l’Etat donne une série de recommandations. Elles sont formalisées parfois avec indication de la réglementation à respecter quant à l’abattage, le mode de transport des animaux ou encore les vendeurs.
Cette note d’information s’adresse à la fois aux acheteurs mais aussi aux vendeurs. D’autres préconisations sont données pour les pratiquants se rendant à l’étranger.
La préfecture indique que des contrôles permettront de faire respecter la réglementation.
Sans complexe, les magasins halal font partie des indications “faire appel aux points de vente commercialisant des carcasses issues de filières autorisées, tels que les supermarchés et hypermarchés, et les bouchers spécialisés en viande hallal du département“.
Les musulmans ont droit à leurs boucheries ou produits dédiés, aucun label n’existe pour la viande non halal.
Le covid évoqué pour taire les problèmes de l’abattage sauvage
La préfecture, dans sa note d’information fait un lien entre la situation sanitaire liée au virus du covid et l’abattage des animaux pour cette fête. ” Cette année encore, la situation sanitaire liée à l’épidémie de COVID-19 devra conduire l’ensemble des fidèles et des professionnels à la plus grande vigilance s’agissant du respect des mesures barrière pour protéger la santé de tous, notamment celle des personnes les plus fragiles. À cet égard, il est rappelé que l’abattage d’animaux, notamment de moutons, par des particuliers, c’est-à-dire en dehors des abattoirs autorisés, est interdit.“
Quel est le rapport entre respect des gestes barrière et le mode d’abattage des animaux? Ne serait ce pas une manière déguisée de rappeler la réglementation sur cet aspect qui pose problème tous les ans. Les faits divers lors des fêtes musulmanes sont nombreux. Des carcasses d’animaux sont retrouvées dans les immeubles, dans la rue. Des scènes filmées de moutons tués dans des baignoires sont monnaie courante.
Le seul point commun entre covid et abattage est la question sanitaire; Cependant, elle n’est pas du même ordre. Les sacrifices sauvages ne respectent pas les mesures de sécurité sanitaire basiques provoquant maux de ventre voire pire. Peut se développer notamment la bactérie E-coli semblable à celle trouvée dans les pizzas Buitoni.
Aucune information de la préfecture quant aux abattoirs agréés
Mais où faire abattre un animal en respectant la réglementation? C’est la question qui se pose et qui ne trouve pas réponse dans la note de la préfecture. Dans la partie consacrée aux recommandations à destination des particuliers, il est rappelé l’interdiction des abattoirs sauvages. En effet, des abattoirs agréés, respectant le mode voulu par les musulmans et assurant la sécurité sanitaire sont mis en place. Mais la liste n’apparaît pas sur le site.

Aucune indication ne suit ce texte. Il n’y aurait donc aucun abattoir agréé existant. Vers qui vont se tourner les musulmans pour avoir accès à un animal abattu selon leur rite? Nous pouvons donc présumer que les abattages sauvages vont avoir lieu.
La limite des abattoirs temporaires
Or, il n’y aura pas d’abattoir temporaire comme cela a pu se faire régulièrement. Cela permettrait de disposer d’un lieu respectant les mêmes conditions qu’un abattoir régulier agréé. Mais dans la réalité, cela n’est pas si simple comme le rappelle Alain De Peretti, président de Vigilance Halal
La préfecture, toujours débordée, s’est donné du mal pour produire cette note. Le carême ne pose pas autant de difficultés.
Crédit photo : HABIBECHE Mustapha pour wikimédia
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine