Il y a quelques semaines, nous avions dressé un bilan de l’action d’Alain Bruneel, seul député communiste de la région. Il se représente sur la 16eme circonscription du Nord avec comme ligne de mire de continuer le combat contre la majorité présidentielle.
Qu’avez vous retenu de votre précédent mandat? Quelles actions vous ont particulièrement marquées ?
Mon premier mandat fut très dense. Dès l’été 2017, Emmanuel Macron a commencé sa politique du bulldozer contre les droits sociaux avec la fin des contrats aidés, la baisse des allocations logement (APL), ou encore les attaques contre le code du travail avec les ordonnances. En parallèle, il s’est attaché à faire de nombreux cadeaux aux plus riches comme avec la flat-tax ou la fin de l’impôt sur la fortune (ISF). C’est pour cela que nous avons très vite considéré qu’il était le Président des riches. J’ai combattu cette politique injuste pendant 5 ans, en étant notamment force de proposition. Le groupe En Marche n’a laissé aucune place au débat parlementaire, je le regrette fortement.
Pour ma part, je me suis fortement investi dans la défense des hôpitaux et des Ehpad. J’ai toujours considéré que la santé était un bien commun et ne devait pas être traitée comme une marchandise. Avec mes collègues du groupe communiste, nous avons réalisé un tour de France des établissements de santé afin de nous mettre à l’écoute d’un personnel en grande souffrance. Nous avons réalisé de nombreuses rencontres qui ont débouché sur la co-construction d’une proposition de loi qui permettait de porter les revendications des soignants à l’Assemblée nationale.
Enfin, j’ai le souvenir de grandes batailles menées à l’Assemblée nationale, notamment celle contre la réforme injuste des retraites. Grâce au rapport de force engagé par les citoyens et les syndicats, nous avons su contrecarrer les plans du Gouvernement.
Le contexte économique et social paraît encore plus tendu qu’en 2017. Comment envisagez-vous un prochain mandat de député? Quelles sont les premières actions que vous souhaiteriez mener?
Plus que jamais, la question centrale est celle de la répartition des richesses. Alors que l’inflation rogne le pouvoir d’achat des citoyens, les grandes fortunes continuent de s’enrichir et nous assistons toujours à des résultats records pour les actionnaires des multinationales. La France ne fait pas exception et le CAC 40 verse des dividendes en hausse constante, malgré la crise économique. Rendre du pouvoir d’achat aux français sera une priorité, notamment en agissant sur le prix de l’énergie et de l’alimentation.
“Il faudra du courage politique afin de faire participer les grandes fortunes”
Il faudra du courage politique afin de faire participer les grandes fortunes. J’entends également poursuivre mon combat pour la santé. Enfin, je pense qu’il est urgent que nous fassions plus vite et plus fort en matière de transition écologique. Depuis 5 ans, la politique d’Emmanuel Macron n’est pas à la hauteur. L’inaction climatique n’a que trop durer. Il faut avancer vers des mesures concrètes comme l’aide au développement des véhicules hydrogènes, la rénovation thermique massive des logements, la gratuité des transports en commun, la relance du fret ferroviaire, etc.
Vous êtes soutenu par la nouvelle coalition de gauche. Quelles sont les impressions des habitants de la circonscription vis à vis de cela? Comprennent-ils cette alliance?
Les citoyens ont cette soif d’union et également ce besoin de voir une majorité en capacité de changer vraiment leur vie. Dans le même temps, ils témoignent d’une volonté d’authenticité et de sincérité dans la démarche des candidats. Pour ma part, je reste celui que j’ai toujours été. Je ne cache pas mon identité et mon appartenance au Parti Communiste Français. Le respect de l’identité de chacun est important. Je me suis toujours exprimé librement sur ce que je pense être le plus juste et je continue d’agir avec mes convictions pour agir au mieux avec les habitants.
“Je ne cache pas mon identité et mon appartenance au Parti Communiste Français”
Vous vous êtes exprimé à plusieurs reprises vis-à-vis de l’entreprise Amazon et avait expressément soutenu les salariés. Comprenez-vous l’enthousiasme des élus qui accueillent les centres de tri ou de distribution de l’entreprise sur leur commune? Notamment à Avion gérée par une municipalité communiste.
Lors de mon élection en 2017, mon premier déplacement fut dans l’entrepôt d’Amazon de Lauwin Planque. J’ai été marqué par le décalage entre le discours des manageurs sur le bonheur au travail et la réalité vécue par les salariés. Au détour d’un couloir, j’ai rencontré une jeune salariée en pleurs car elle ne supportait plus la pression de la productivité.
Amazon est un groupe qui dégage des milliards de bénéfices. Son PDG est d’ailleurs en compétition pour le titre d’homme le plus riche du monde. Il n’est pas normal dans ces conditions que les salariés subissent la précarité, les bas salaires, l’intérim, etc.
Je suis un fervent défenseur de l’emploi, mais de l’emploi stable et rémunérateur, qui permette à chacun de vivre dignement.
Amazon n’est pas au-dessus des lois, il doit respecter l’environnement, la fiscalité et ses salariés.
Cette élection ne semble pas enthousiasmer les français. Quels messages souhaitez vous leur passer pour les encourager à voter?
Emmanuel Macron et son parti font une campagne au rabais. Ils espèrent en réalité une démobilisation de l’électorat pour empêcher une victoire des forces de gauche. J’ai confiance dans la capacité des citoyens à se mobiliser et je sais qu’ils peuvent envoyer une majorité de progrès à l’Assemblée nationale. Cela permettrait de bloquer la réforme des retraites voulue par le Président mais aussi de voter des lois en faveur des citoyens : pour le pouvoir d’achat, les services publics, la jeunesse, l’environnement, les droits des femmes. Nous avant tant besoin de changement !
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Le miroir du Nord, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine