On vous le disait la semaine dernière, Xavier Bertrand est revenu au devant de la scène politique régionale (il est déjà reparti sur les routes de France). Grâce à une subvention à une fédération anti-éolien, il a fait parler, en bien ou en mal.
Par le passé, les actions en faveur de l’environnement du président de région avaient été, à plusieurs reprises, remises en question par des institutions. En août 2019, l’autorité environnementale (AE) avait notamment critiqué le schéma régional d’aménagement du territoire Hauts de France. Objectifs environnementaux peu ambitieux, ce schéma, qui planifie la stratégie du territoire sur les 20 prochaines années, est “largement perfectible”, selon l’AE.
Le rapport annuel de l’AE n’oublie pas la région
L’autorité environnementale publie chaque année un rapport annuel. Elle est une entité indépendante, chargée de l’évaluation environnementale. Par conséquent, elle doit rendre compte de ses actions et de faire un récapitulatif des actions menées pendant l’année précédente. Le rapport relatif à l’année 2021 a été diffusé en avril dernier.
Ce rapport, de portée générale, met pourtant l’accès sur les manquements particuliers de la région. C’est le contrat plan Etat Région (CPER) qui est mis à mal. Or ce document cadre fixe les conditions dans lesquelles l’État et la région s’engagent sur la programmation et le financement pluriannuels de projets importants d’aménagement du territoire tels que la création d’infrastructures ou le soutien à des filières d’avenir. Il est donc essentiel d’y être précis et de connaître l’évolution opérationnelle et financière de ces grands chantiers.
Un manque de transparence
Concernant plusieurs actions en lien avec le CPER, l’AE cite expressément la région Hauts de France comme le plus mauvais élève. Le CPER met en place plusieurs actions d’aménagement du territoire qui doivent au maximum respecter l’environnement. On doit être capable de connaître l’impact pour l’environnement de chaque chantier mené. Or, comme elle le dit, aucune information chiffrée n’a été fournie par la région quant aux conséquences sur les consommations énergétiques et les gaz à effet de serre. Or, dans le contexte actuel de pression pour un respect plus grand de l’environnement, cela fait désordre.

Autre exemple de ces manquements avec le programme financier du CPER: le programme financier. Il doit être est actualisé d’année en année. Pour rendre ces informations facilement lisibles, il est demandé aux collectivités un bilan financier annuel. Aucun conseil régional n’a pu fournir ces informations à l’autorité environnementale. L’AE a fait un travail par elle même pour permettre de se faire un avis sur l’évolution des bilans financiers grâce aux données fournies par les régions elles mêmes.
Exception faîte pour les Hauts de France qui n’a donné aucun élément. Par conséquent, l’AE n’a pu donner un avis sur le programme financier.

Cela rejoint l’avis de la cour des comptes d’octobre 2018 qui établissait des risques de voir publié un budget quasiment insincère car manquant d’exhaustivité.
Quels impacts du Canal Seine Nord sur l’environnement?
Voici la remarque de l’autorité environnementale faisant le lien entre le chantier du siècle et les objectifs environnementaux attendus dans le CPER.

Par conséquent, alors que ce projet est en jachère depuis des décennies, aucun considération n’a été prise en compte sur l’aspect environnemental. Or, compte tenu de son ampleur géographique, financière, il semble nécessaire de connaître l’impact, notamment de la construction des plateformes mais aussi sur les bénéfices de la baisse du traffic routier, sur l’environnement.
Xavier Bertrand a encore du travail pour ressembler à un bonhomme vert, comme il le dit lui même. Il semble également que cela pose la question de capacité à gérer un budget et d’établir un suivi des opérations régionales.
Coup de com avec l’opération anti-éolienne?
Crédit photo: pixhere
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine