Mi avril, nous vous relations les mouvements de grève chez Amazon à Lauwin Planque. Dans cet immense entrepôt, le taux d’absentéisme est bien supérieur à la moyenne des autres entrepôts en France. Plus récemment, les syndicats ont perturbé le fonctionnement de l’entreprise. Ils revendiquaient une augmentation des salaires de 5%, soit l’équivalent de l’inflation 2022. Refus de la direction, négociation et finalement nouveau refus, ce sera 3,5% ou rien…Ce fut donc 3,5% suite à l’accord d’un seul syndicat, CFE-CGC, syndicat de cadres. Les ouvriers, à leur arrivée, sont déjà rémunérés jusqu’à 15% moins que le montant du SMIC.
La raison de la direction d’Amazon de justifier ce refus: la crise dont l’augmentation du coût des matières premières et du prix de l’essence. Incompréhensible pour des salariés subissant les pressions constantes pour toujours plus de rentabilité. Les périodes de confinement ont été encore plus calamiteuses pour eux, pas pour l’entreprise qui a engrangé des bénéfices records. Cela aide de rester ouvert quand les commerces physiques, eux, subissaient des décisions incohérentes du gouvernement. Puis le 13 avril, les dirigeants d’Amazon ont répercuté l’augmentation des coûts subis via la facturation aux vendeurs d’une surtaxe de 5% pour le carburant et l’inflation. Amazon instaure la mesure le 28 avril.
“cynisme du côté d’Amazon”
Outre un cynisme sur leurs conditions financières, les conditions de travail sont aussi fréquemment dénoncées. Des drames se jouent parfois. Récemment, dans le gigantesque centre de distribution de Brétigny Sur Orge, un homme y est mort d’une crise cardiaque. Selon le canard enchaîné, les syndicats ont alors réclamé une enquête indépendante d’un cabinet extérieur. Refus de la direction qui a procédé à une enquête notamment menée par elle même qui a donné des résultats insuffisants: pas d’images, pas d’entretiens du personnel de sécurité de l’entreprise.
Beaucoup de salariés sont embauchés pendant des années en contrat précaire, les syndicalistes y sont mis au silence sous peine de sanction. Et pourtant, Amazon continue son expansion en France et dans notre région.
A l’ouest du pays, des oppositions parfois frontales contre l’arrivée du géant du web
Toutes ces considérations ont elles fait réfléchir la population et les collectivités?
Sur les territoires ouest, les projets d’implantation connaissent des oppositions fortes d’associations écologistes ou anticapitalistes. Parfois, ce sont les élus eux mêmes qui refusent l’arrivée du géant du net sur leur commune. En 2020, c’est le projet près de Nantes qui tombe à l’eau. Le président de Grand-Lieu communauté, agglomération au sud de la Loire Atlantique, justifie la décision par des complications techniques et juridiques. Mais il argumente aussi en parallèle que d’autres projets plus locaux sont en cours sur la zone concernée.
Le maire d’une commune de Mayenne cherche alors à attirer la multinationale sur ses terres. La communauté d’agglomération concernée s’y refuse. Outre ces considérations éthiques, c’est aussi la destruction des emplois qui est regardée de près. Les chiffres annoncées par les pouvoirs publics et l’entreprise sont alléchants. Souvent des centaines d’emplois sont créés, le versement de l’impôt sur les sociétés est tentant pour les communes délaissées par l’Etat depuis la baisse des dotations. Pour l’instant, tout cela est au point mort.
Parfois les pressions exercées ne fonctionnent pas comme à Briec près de Quimper. 100 emplois créés plus tard, 5 hectares sont venus grignoter le territoire de la ville. Quoiqu’il en soit, ces personnes ont compris les conséquences dramatiques de l’expansion de la multinationale.
Ces mouvements font tâche d’huile. Près du Pont du Gard, fin 2021, un projet a été annulé.
Accueil les bras ouverts dans la région
Amazon a choisi rapidement notre région pour ses activités. Lauwin Planque est un centre de distribution pour les agences aux alentours comme Sainghin en Mélantois et plus récemment Avion. Le géant du web prévoit aussi l’ouverture d’un nouveau centre à Calais. C’est une de leurs méthodes: s’implanter dans des zones en mal d’emploi et avec une population en difficulté. Pour Mounir Mahjoubi, ex ministre jusque 2019, les emplois locaux sacrifiés sont énormes.
Nous nous sommes tournés pendant plus d’un mois vers 2 collectivités: Douaisis Agglo et Avion. Le but: échanger sur les mouvements sociaux chez Amazon, les conditions de travail compliquées, l’intérêt pour ces collectivités d’avoir accepté l’implantation de l’entreprise. Dans les 2 cas, aucune réponse.
Ces implantations ont reçu l’aval voire l’enthousiasme des élus concernés. Cela créé de l’emploi et c’est bien l’essentiel surtout lors des périodes électorales dans notre région en proie à un chômage galopant (si on tient compte du nombre de personnes formées).
Christian Poiret, président de Douaisis Agglo et du conseil départemental du Nord n’hésite pas faire fonction de relais pour le recrutement…même s’il est intérimaire.

Pire, à Avion, ville tenue par le parti communiste, on nous a simplement répondu qu’il n’y avait rien à dire. Son maire, Jean Marc Tellier, candidat aux législatives sur la 3eme circonscription du Pas De Calais soutiendrait il les pratiques capitalistes d’Amazon? Il a crié haut et fort cette convention signée entre le département et Amazon.

Ce qui contrevient avec les positions retenues par les cadres de NUPES, Adrien Quatennens, député du Nord en tête qui avait manifesté contre l’implantation de l’entreprise en Loire Atlantique.
ou de Alain Bruneel, député communiste de la 16eme circonscription
Un point à revoir du côté de la coalisation de gauche.
Pour vous rendre compte de la réalité d’Amazon, retrouvez un épisode des dessous de l’oligarchie qui vous explique en quelques minutes pourquoi ses dirigeants ne sont pas à plaindre.
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Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine