Lors du second tour de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouvaient de nouveau face à face. Les médias se déchaînaient alors contre la candidate du rassemblement national. Comme d’habitude, l’essentiel était pour eux de faire barrage à l’extrême droite, partialité oubliée.
Le journal du dimanche a publié une tribune le 16 avril 2022 . Elle est appelée ” 1 000 acteurs de la santé appellent à faire barrage à l’extrême droite”. La date n’a pas été choisie par hasard, nous étions alors entre les 2 tours de l’élection présidentielle. Ces signataires sont issues du monde médical, en tant que pratiquants ou anciens pratiquants. Mais il s’agit aussi d’élus ou membres d’associations.
Elle a été rédigée à l’occasion de la présidentielle. Elle reste d’actualité avant les 2 tours des législatives des 12 et 19 juin.
La tribune du JDD
« Nous, professionnels de santé, patients, chercheurs, élus, Nous, citoyens profondément attachés au système de santé français et à ses valeurs, appelons sans détour à faire barrage à l’extrême-droite.
Au quotidien, les acteurs de la santé agissent pour l’intérêt général et pour faire vivre les valeurs fondamentales de notre pacte républicain : liberté, égalité, fraternité.
Cette liberté qui s’incarne dans notre droit absolu à être respecté, écouté et traité dans la dignité, à rester le décideur en dernier ressort de notre parcours de soins.
Et cette égalité qui s’incarne dans notre modèle social fondé sur l’hospitalité inconditionnelle, parce que l’égalité devant le soin, c’est l’égalité dans la République.
Cette fraternité enfin, qui est la vocation première de tous les professionnels de santé, engagés à prendre soin de chacun, quelle que soit son origine, ses revenus, ses convictions.
Malgré une communication plus subtile, l’extrême-droite n’a pas changé. Elle n’est pas plus rassembleuse ou sociale qu’elle ne l’était il y a 20 ans, au soir du 21 avril 2002. Et plus que jamais, elle porte en germe la destruction de notre État-providence, nos services publics et particulièrement notre système de santé.
Au-delà de nos différences d’opinion, au-delà des constats que nous portons chacun sur les remèdes à apporter à un système de santé fragilisé, nous partageons la conviction que le projet de l’extrême-droite s’oppose aux principes fondamentaux qui fondent notre modèle social.
“Nous partageons la conviction que le projet de l’extrême-droite s’oppose aux principes fondamentaux qui fondent notre modèle social”
L’extrême-droite souhaite supprimer l’Aide médicale d’État (AME) et la remplacer par un dispositif a minima pour prendre en charge les soins urgents. Vieille idée, contraire aux conventions internationales sur le droit à la santé, la suppression de l’AME mettrait en danger toute la population en favorisant la propagation de maladies infectieuses en apparence non-urgentes. A rebours de l’histoire après deux années de pandémie COVID qui a montré combien la santé et les maladies ne s’embarrassent pas de passeports. Idée couteuse également : à l’heure où nous plaidons pour davantage de prévention en santé, réduire l’accès aux soins primaires favorisera les complications et, donc, les soins lourds, urgents et couteux.
L’extrême-droite souhaite stigmatiser les médecins et professionnels étrangers, nos collègues et amis. Certes, ils ne seraient pas interdits d’exercer à court terme. Mais comment accepter l’atteinte qui serait faite à leur dignité en les désignant comme intrus ? Rappelons enfin que 30 % des postes de médecin sont vacants à l’hôpital et que plus de 10% de l’ensemble des médecins en exercice régulier ont un diplôme acquis à l’étranger.
A l’approche ethnique et nationaliste et aux risques de fracture de notre pacte civique qu’elle porte, nous opposons la France républicaine, universelle et solidaire, cette France du soin de l’autre qu’incarne parfaitement notre système santé.
Disons-le clairement : le vote qui nous attend est un choix entre deux conceptions de la République. Ne nous trompons pas de combat, sachons mettre de côté nos différences politiques pour écarter une menace existentielle pour notre démocratie.
Au-delà des différences d’opinion, et parce que l’essentiel est aujourd’hui en jeu, nous lançons un appel solennel en faveur du seul vote qui permet de préserver nos solidarités : celui en faveur de l’actuel président de la République. »
Les signataires du Nord Pas De Calais
Découvrez ceux qui ont signé cette tribune:
- Thierry DAUBRESSE, Président Conseil Surveillance CHLENS, CH Lens – GHT Artois,
- Jocelyne DURUT, Maire, Haverskerque,
- Rémi PAUVROS, Président, FHF Hauts de France,
- Jeanne BARICHEFF, Pédiatre CH Armentières
- Magloire GNANSOUNOU, Président de CME, Centre Hospitalier de Maubeuge,
- BRUNO LERNOUT, Médecin médiateur, CH VALENCIENNES,
- Gilbert MBOCK, Médecin généraliste, CPTS DU GRAND DENAIN,
- Jean OUREIB,Président de la CME,EPSM Agglomération Lilloise,
- Nadège POULAIN, Chirurgien-Dentiste, CPTS du Grand Valenciennes,
- Robert Valensi, médecin généraliste, ST Le Noble,
- Pr Philippe Vermelen, Psychiatre des hôpitaux praticien attaché, CH Cambrai,
- Pierre BARA, DIRECTEUR D’ASSOCIATION, APREVA RMS,
- Brigitte Delabre-Sy, Infirmière scolaire, Institution Saint Jean Douai,
- Leila GANA, infirmière à domicile auprès des personnes âgées,
- Rémi KASPRZYK, Infirmier libéral / président de l’Association ADILH / Vice-président de la CPTS grand Valenciennes, CPTS Grand Valenciennes
Une tribune à portée politique
Alors que l’épidémie de coronavirus diminue depuis des semaines, les services d’urgences sont pourtant dépassés. Et c’est le cas bien avant ce phénomène.
L’association Samu-Urgences de France a dressé une liste de 120 établissements publics et privés pour lesquels un risque certain existe quant à la saturation de ses urgences. 4 établissements de la région étaient concernés:
- Boulogne Sur Mer
- Tourcoing
- Roubaix
- Béthune
Cette information est relayée fréquemment par Arnaud Chiche. Il est médecin anesthésiste-réanimateur à Hénin Beaumont, connu pour ses interventions musclées dans les médias.
Non? pour les signataires de cette tribune, l’essentiel est de faire de la politique et de soutenir celui qui a continué à affaiblir encore plus les services de santé. Certaines personnes, proches des milieux d’influence ont un intérêt certain dans cette démarche.
Comment comprendre une telle initiative face au personnel subissant la baisse des moyens, les 1700 fermetures de lits en 2 ans? Face à ceux qui sont suspendus depuis septembre 2021, sujet tabou pour lequel aucun lien n’est fait avec la saturation des services?
Crédit photo: pixabay
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine