Le 5 mai 1981, à la prison de Maze en Irlande du Nord, mourrait Robert Gerard dit Bobby Sands, à l’issue d’une grève de la faim de 66 jours. Elu député à la Chambre des Communes quelques jours plus tôt, Bobby Sands est l’un des héros du combat républicain irlandais et son aura continue de dépasser très largement les frontières maritimes de l’île d’Irlande. Au-delà de la simple cause irlandaise, le jeune homme natif de Newtownabbey, et seulement âgé de 27 ans à sa mort, symbolise la dénonciation des conditions de détention des prisonniers politiques. Bobby Sands et les autres grévistes de la faim morts, l’Angleterre subit sa plus lourde défaite : la bataille de l’opinion.
L’Angleterre subit sa plus lourde défaite : la bataille de l’opinion.
Bobby Sands semblait moins prédestiné à son funeste destin que nombre de ses compagnons d’armes. Né dans une famille catholique, l’enfant est relativement épargné par le conflit qui secoue l’Ulster. La famille Sands réside dans un quartier loyaliste de Belfast. Bobby vit avec ses parents et entouré de deux sœurs. Si les Sands sont victimes de brimades, la situation demeure néanmoins moins tendue que dans les quartiers plus au Sud, autour des axes de Falls Road l’irlandaise et Shankill Road la britannique. Là où la guerre civile fait rage chaque jour.
Mais tel un héros tragique grec, le jeune Bobby ne peut échapper à l’Histoire. A cause de leur appartenance à la communauté catholique, la famille Sands est victime d’intimidations tandis que le jeune adulte est menacé de mort. Bobby a 18 ans. Il se marie, devient père et rejoint les rangs de la fameuse Irish Republican Army. Nous sommes en 1972. Cette même année, le jeune nationaliste est écroué pour possession d’armes à feu. Il est libéré en 1976 et Bobby retourne auprès des siens et son épouse.
Tel un héros tragique grec, le jeune Bobby ne peut échapper à l’Histoire
Le point de non-retour est franchi et il n’est aucunement que le nationaliste abandonne la lutte armée. Bien au contraire, Bobby devient l’un des chefs de l’I.R.A. de son quartier. La période de liberté durera moins d’un an. Après qu’un attentat se soit produit à Dunmurry et qu’une fusillade éclate entre des membres de l’I.R.A. et la police royale de l’Ulster, Bobby Sands est arrêté dans un véhicule, en compagnie de trois autres clandestins. Interpellé en possession d’une arme, il est condamné à une peine de 14 années et écroué dans la prison de Long Kesh…
La suite, nous la laissons aux participants de l’émission hebdomadaire Une vie, une œuvre, dirigée par Matthieu Garrigou-Lagrange. Le 31 mai 2014, l’émission consacre son heure à Bobby Sands et à l’indicible calvaire dont il fut le héraut. Non une émission d’histoire mais de littérature, Une vie, une œuvre s’attache à la présentation de Bobby Sands, le poète et écrivain, davantage que le militant et militaire. Voilà tout l’intérêt de l’émission. Car Bobby Sands fut un magnifique écrivain et il est aussi extraordinaire qu’incroyable qu’un homme ait pu écrire de si remarquables poèmes tandis que les effroyables conditions de détention lui interdisaient la présence de tout ouvrage auprès de lui.
Un certain nombre de ses textes furent publiés au sein d’un recueil intitulé Un jour dans ma vie et publié en 2003 par la maison d’éditions basque Gatuzain. L’édition est devenue rarissime. Si vous la trouvez…
L’écoute de ce documentaire audio est indispensable !
« Notre vengeance sera le rire de nos enfants. » (Bobby Sands)
Bon doc !
Crédit photo: DR
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine