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7 films à voir ou à revoir sur la Première Guerre mondiale dans les Pays-Bas français

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Les peuples européens ne retiennent malheureusement pas les leçons

Nooit meer oorlog ! Plus jamais de guerre ! Cette sentence péremptoire, lancée par les soldats Flamands ayant survécu au grand suicide de 1914-1918, résonne comme un terrible appel aux peuples européens de ne plus jamais se livrer de guerre. A tout jamais, cette déclaration, inscrite sur le bas de la deuxième Tour de l’Yser à Dixmude, honorera la mémoire de tout le sang versé au profit des marchands de canons. L’Europe, exsangue, cède sa place de puissance mondiale au profit des Etats-Unis qui surent patiemment attendre 1917 pour intervenir et asseoir leur domination sur le Vieux continent. De Dixmude à Verdun, il y a plus qu’une portée de canon. Si Verdun constitue indéniablement un haut lieu tragique du premier conflit, il tendit, pendant de trop nombreuses années, à occulter, dans la mémoire collective française, les champs de bataille de Flandre-Artois-Hainaut et dans une moindre mesure de la Somme.

Et pourtant… Dixmude, Ypres, Langemark, Vimy, Notre-Dame de Lorette, Arras, Cambrai, Albert, Péronne, le Chemin des Dames…, loin d’être exhaustive, cette litanie de lieux fixe autant de cicatrices indélébiles de l’histoire européenne. Si la Première Guerre mondiale n’est pas la première guerre contemporaine du cinéma, elle est la première à profondément imprégner ses images dans les esprits des spectateurs.

Le grand écran démocratise la vision de l’horreur qui n’est plus réservée aux seuls acteurs du conflit. Une centaine de films traitent du premier conflit. En voici sept sur les Pays-Bas français et la Picardie. Il est louable de rendre hommage à cette terre de bataille qu’est le Sud des grands Pays-Bas, à jamais marquée dans sa chair.

Commandos de l’ombre

Titre original : Beneath Hill 60
Film australien de Jeremy Sims (2010)
Le conflit s’enlise en cette année 1916, sur le front flamand entre Armentières et Ypres. A des milliers de kilomètres des Orages d’acier, le capitaine Oliver Woodward s’apprête à quitter son épouse et embarquer pour l’Europe. Afin de permettre l’avancée des troupes britanniques, un commando australien, aux ordres du capitaine, reçoit la mission suicidaire de pénétrer les lignes ennemies pour les miner. Le peloton de sapeurs australiens est contraint, avec la plus grande discrétion, de creuser des galeries pour déposer des charges explosives sous un bunker allemand. Que l’Australie semble loin pour ces jeunes hommes, à peine sortis de l’adolescence…
Plaisante biographie du capitaine Woodward que livre Sims. S’il ne manque pas de films sur la Première Guerre mondiale, rares sont ceux s’attachant à des corps spécifiques, ici en l’occurrence, un peloton de mineurs venu de l’autre côté du globe. Loin de tout manichéisme, le réalisateur filme les combattants des deux côtés des tranchées, ennemis mortels unis dans les mêmes souffrances. Les scènes de combat sont également efficaces bien que l’intrigue se situe naturellement majoritairement sous terre. Il est incompréhensible que le film ne bénéficia d’aucune sortie en salle en France.

Joyeux Noel

Film français de Christian Carion (2005)
A quelques kilomètres de Lens le jour de Noël 1914. L’arrivée des colis, envoyés par la famille, égaye quelque peu le mortifère quotidien des troupes françaises, allemandes et écossaises. Depuis la tranchée allemande, retentit le chant Stille Nacht, heilige Nacht, magnifiquement interprété par le ténor Nikolaus Sprink qui a troqué le costume de l’opéra de Berlin contre l’uniforme feldgrau. Le silence se fait alentour. Des sapins sont exposés en dehors des tranchées. Des soldats sortent bientôt de celles-ci, bougies, cigarettes et chocolat en main. Contre toute attente, aucun coup de feu ne retentit…
Le film est librement inspiré de différents épisodes de fraternisation survenus sur le front du Nord de
la France le jour et le lendemain du réveillon de Noël 1914. Si l’intention de Carion est louable, le réalisateur passe quelque peu à côté de sa dénonciation du grand suicide européen. Des scènes très
fortes côtoient trop souvent d’autres parfaitement invraisemblables qui sombrent dans un mauvais tragi-comique. Beaucoup de points faibles pour un film qui a néanmoins le courage de mettre en lumière ces jeunes hommes jetés dans un conflit qui les dépasse. Tant il est vrai que les marchands de canons et des officiers peu avares en sang versé ont très rapidement piétiné la fleur qui était au fusil.

Maudite soit la guerre

Film belge d’Alfred Machin (1914)
Adolphe Hardeff est un jeune aviateur. Il aime Lydia Modzel, citoyenne d’un pays voisin, et sœur de Sigismond. Les jeunes amoureux sont bientôt séparés par un sanglant conflit qui oppose leurs deux nations imaginaires. Hardeff est en prise à une forte rivalité avec un second aviateur, qui n’est autre que Sigismond. Chacun aux commandes de leurs biplans et triplans, les pilotes livrent de terribles combats aériens. Le moulin qui abritait naguère la passion d’Adolphe et Lydia constitue désormais l’ultime théâtre dans lequel s’affrontent l’amant et le frère de la jeune femme. Pour chacun de ces êtres, la guerre n’a pas voulu…
Le scénario apparaît bien évidemment tiré par les cheveux. Mais là n’est pas l’essentiel pour ce film colorié à la main et terriblement prophétique, réalisé plusieurs mois avant le début du conflit.
Originaire de Blendecques, Machin démontre avec talent que le cinéma de guerre avait trouvé ses lettres de noblesse dès l’aube du Septième art ; grâce, il est vrai, à un important concours de l’armée belge. Censuré en 1914 et occulté à la fin du conflit, au point d’être oublié de Maurice Bardèche et Robert Brasillach dans leur irremplaçable Histoire du cinéma, il mérite de trouver la place qui lui est due dans la filmographie européenne traitant de 1914-1918. Un chef-d’œuvre impitoyable dans sa mise en accusation de la guerre.

Pour l’exemple

Titre original : King and country
Film anglais de Joseph Losey (1964)
1917, sur le front de Flandre. Horrifié par la barbarie de la guerre, de surcroît en proie à des problèmes conjugaux et dans un état d’épuisement total, le soldat britannique Hamp se laisse gagner par le désespoir et déserte son régiment. Fuite bien évidemment misérable… Hamp est bientôt rattrapé. Défendu devant la cour martiale par le capitaine Heargraves, avocat militaire, le jeune fantassin est condamné à mort. Heargraves éprouve bien de la compassion pour le soldat mais il ne peut y avoir d’autre sentence pour le capitaine Midgley qui dirige la cour. Ce sera la mort dans le déshonneur. Ses camarades du front s’enivrent avec lui pour la dernière fois…
S’il ne figure pas parmi les films les plus connus de Losey, Pour l’exemple est une réalisation filmée avec talent bien que son origine théâtrale nuise parfois à la mise en scène. Imprégné par la doxa communiste, Losey teinte également parfois trop sa réalisation d’une lutte des grades. L’œuvre réhabilite néanmoins puissamment ces milliers de jeunes hommes, quel que fut leur uniforme, pour lesquels flancher était synonyme de peloton d’exécution. Dirk Bogarde est très largement à la hauteur, à l’image de Kirk Douglas dans Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, autre maître-film antimilitariste. Les décors des tranchées et des casemates sont particulièrement soignés. Les puristes apprécieront.

La tranchée

Titre original : The Trench
Film franco-anglais de William Boyd (1999)
L’été 1916, peu avant la bataille de la Somme. La tranchée britannique se prépare à monter à l’assaut deux jours plus tard. Ils sont une trentaine, à peine entrés dans l’âge adulte, à tenter de percevoir ce qui les attend. Parmi eux, Eddie MacFarlane et son frère cadet, Billy, seulement âgé de 17 ans, sont des engagés volontaires. A grandes rasades de rhum, chacun trompe l’ennui et la peur comme il le peut. Pour faire le fanfaron devant ses camarades, Billy parie deux shillings qu’il regardera la tranchée adverse par l’une des meurtrières. Une balle le frappe alors en plein visage. A peine le temps de se morfondre pour son grand frère. Car il est 7h30. Sous les ordres du lieutenant Hart, les hommes s’apprêtent à prendre part au premier dispositif d’attaque…
Ils sont nombreux ces visages juvéniles, alors anonymes, dont il s’agit de l’un de leurs tous premiers films. Ils sont nombreux et ils sont crédibles dans leur représentation de gosses touchants de naïveté qui ne concevaient la guerre qu’à travers leurs livres d’Histoire. Certes, la réalisation contient des passages inégaux empreints d’une grande sobriété mélancolique qui tranche mal avec une dénonciation universaliste de l’horreur de la guerre de tranchées. Le tout est néanmoins d’excellente facture pour William Boyd, transfuge du roman au cinéma qui signe avec La Tranchée son premier et unique long-métrage.

Un long dimanche de fiançailles

Film français de Jean-Pierre Jeunet (2004)
La romantique Mathilde n’a que 19 ans en cette année 1919. Si la guerre est terminée, elle a définitivement brisé son existence, déjà largement malmenée par sa condition d’orpheline boiteuse. Son Breton de fiancé Manech est mort quelque part sur le front de la Somme, à proximité d’un avant-poste dénommé Bingo crépuscule. Manech fait partie d’un petit groupe de cinq fantassins condamnés à mort par une cour martiale pour mutilation volontaire et abandonnés à leur triste sort à proximité des lignes teutonnes. Mais Mathilde refuse de croire en la mort de son fiancé ; mort pourtant confirmée par tous les vétérans du front. La fiancée se décide à mener sa propre enquête, aidée en cela de M. Pire, détective privé…
On adhère ou non mais l’univers cinématographique de Jeunet ne peut laisser indifférent. Peut-être ne sied-il pas toujours au mieux à un film sur la Première Guerre mondiale. On a parfois l’impression de regarder Amélie Poulain et les Poilus ; le réalisateur faisant de nouveau figurer au casting Audrey Tautou. Il confère néanmoins une extraordinaire originalité qui prend largement, trop ?, ses libertés avec le roman éponyme de Sébastien Japrisot. Le réalisme des premières scènes de combat est époustouflant avant que l’on se perde quelque peu dans une intrigue faisant la part belle à de nombreux personnages secondaires qui compliquent le scénario. Qu’en penser encore une fois, à l’instar des autres films ? Finalement, peut-être est-il difficile de totalement se délecter de tels films qui plongent le spectateur dans un légitime malaise quand on songe à la terreur endurée par ces guerriers.

La vie et rien d’autre

Film français de Bertrand tavernier (1989)
Deux années que la Première Guerre mondiale est terminée en ce mois de novembre 1920. Dans une France qui, bien que victorieuse, panse sa plaie béante de plus d’un million et demi de ses enfants morts au combat, le commandant Dellaplane est chargé d’identifier les corps exhumés et les soldats amnésiques dans les régions du Nord de la France. Lors de ses recherches, il fait bientôt la rencontre d’Alice et Irène, deux femmes de condition sociale opposée, cherchant respectivement leurs fiancé et mari. D’abord agacé par la présence inepte de ces deux femmes, le commandant et Irène apprennent progressivement à s’apprivoiser. Dellaplane reçoit l’ordre de rechercher quel disparu aura l’insigne honneur d’être inhumé sous l’Arc de triomphe et devenir le soldat inconnu. Par déontologie, le commandant s’oppose à sa hiérarchie…
Habitué des films sur l’Histoire, Tavernier livre ici l’une de ses toutes meilleures réalisations. Et qui de mieux que le lillois Philippe Noiret pour ce rôle de bourru chef d’une comptabilité macabre chargé de “redonner vie” à une partie des 350.00 soldats Français disparus ? Et de leur redonner vie à tous, et ce contre l’avis d’une hiérarchie politique soucieuse de n’honorer la mémoire que de l’un d’entre eux.
L’appropriation et la récupération des destins de ces héros brisés s’avèrent bien plus macabres que la guerre elle-même en fin de compte… Aussi, en filigrane, Tavernier signe-t-il un fort et émouvant réquisitoire contre ces politiciens ventrus de la Troisième république déjà affairés à s’engraisser et se remettre aux affaires comme si de rien n’avait été. Un chef-d’œuvre à voir impérativement !

Le miroir du Nord, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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