Beau succès pour l’hôpital de Denain qui vient de se voir attribuer une certification délivrée par la Haute autorité de santé (HAS) avec la mention haute qualité des soins. Une promotion qui fait du bien dans un territoire aux besoins importants. L’occasion pour Agnès Lyda-Truffier, directrice, de féliciter les 1200 salariés de l’établissement reconnus pour leur professionnalisme. Un soulagement également pour elle, la mention est synonyme de déblocage de moyens financiers supplémentaires.
La certification a été réalisée début février. Elle s’obtient après une inspection de 4 jours complets (jour et nuit) d’agents de la Haute autorité de santé. Ils étudient le respect des règles posées par les normes posées pour obtenir le graal. Un rapport est alors émis posant les observations sur 3 thématiques:
- les patients
- l’équipe de soins
- l’établissement
L’inspection, un espoir de reconnaissance du mal être du personnel?
En lisant les conclusions du rapport, tout semble idyllique. Patients informés, pris en charge rapidement, orientés vers un assistant social si nécessaire. Personnel formé, sensible au handicap, se réunissant régulièrement sur la situation des malades. Alors que depuis 2 ans, et bien plus en réalité, le personnel soignant est à bout de souffle. Mais aucune indication sur des difficultés rencontrées, un rythme soutenu, du personnel manquant. Il n’en sera rien. Tout va bien dans le meilleur des mondes.
Cette visite de la HAS était l’occasion de mettre en exergue les difficultés du personnel soignant. En juin 2021, la CGT avait occupé la réunion du conseil de surveillance de l’hôpital. Le syndicat était parvenu à plus de la moitié de signatures de salariés de l’établissement pour une pétition. Seuls 30% du personnel seraient titularisés. L’hôpital compense par des emplois en CDI ou précaires. La situation du personnel n’est donc pas sereine.
Et pourtant une population plus à risque
Le territoire de Denain et ses alentours connaissent des indicateurs santé très préoccupants. Un rapport de février 2022 publié par l’Observatoire régional de la santé et du social (OR2S) les confirment. Le taux de mortalité correspond à celui de la moyenne nationale d’il y a 20 ans. Plus de 400 décès pourraient être évités mais la surconsommation d’alcool et de tabac provoquent des maladies de manière précoce et non soignées.
Les conditions sociales sont dramatiques: +87% d’allocataires du RSA par rapport à la moyenne française, beaucoup de grossesses précoces, familles monoparentales surreprésentées. Un public qui fréquente beaucoup les services d’urgence des hôpitaux. Une partie des personnes arrivant aux urgences sont totalement démunies, la direction de l’hôpital leur permet de se tourner vers des assistants sociaux qui leur donnent nourriture et leur permettent de se laver.
Et pourtant, cela ne semble pas impacter le travail des soignants. Surprenant.
Des avis patients qui nuancent les résultats de l’inspection
Qu’en disent les patients ayant fréquenté de manière spontanée ou non les services de l’établissement? Il faut nuancer ces avis qui sont fréquemment plus négatifs que positifs. Le réflexe de dénoncer tout d’abord ce qui ne fonctionne pas. Il y a évidemment des avis très positifs.
Mais selon des commentaires trouvés sur google et sur les réseaux sociaux, on peut y détecter des critiques récurrentes. L’accueil du personnel aux urgences et les soins apportés sont en partie remis en cause. Pire, plusieurs témoignages vont dans le même sens: un personnel remettant en cause la parole des patients sur le niveau de leurs douleurs. Certains encore plus affligeants sur la compétence du personnel.


Signe d’un personnel dépassé par des moyens en manque? Ou manque de professionnalisme pour certains? La labellisation, comme tout procédé dans cette démarche est souvent à regarder avec hauteur. L’évaluation est réalisée alors que l’établissement est au courant au préalable de cette visite. Elle est réalisée selon des critères stricts qui sont remplis comme un QCM: oui ou non.
Espérons que les moyens débloqués par l’obtention de cette certification permettra à chacun un passage efficace dans l’établissement et un personnel évoluant dans les meilleures conditions de travail.
Crédit photo : DR
Le miroir du Nord, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine