Il y a des dates qui sonnent plus fortement que d’autres. Le 5 mai en est une. Du côté de la Corse tout d’abord mais plus loin, du côté de l’Irlande du Nord. Rappels de ces épisodes douloureux mais qui illustrent également l’espoir. Celui de voir ces peuples se battre pour leur pays, pour ce qu’il représente et pour que personne ne l’oublie.
Un match de foot qui devient une date clé pour l’histoire de la Corse
Interrogez un Corse sur ce les événements importants de son île. Il vous répondra immédiatement celle relative à la déclaration d’indépendance (30 janvier). Il ne pourra pas également oublier un autre événement tragique et proche de nous, celui du décès d’Yvan Colonna. Et il vous parlera forcément du 5 mai à 2 titres
Sans pudeur, c’est le drame de Furiani qui revient en boucle sur les réseaux sociaux depuis ce matin. Elus, militants, simples citoyens, personne n’oublie le décès de ces 18 personnes lors de l’effondrement de la tribune montée à la va-vite dans le stade Armand Cesari.
Ce qui devait être une fête pour cette demie finale de la coupe de France contre Marseille en 1992 a été une catastrophe. Plus de 2300 blessés, des images qui resteront gravées.
30 ans que les Corses font tout pour que cette date ne soit jamais oubliée. Jusqu’à faire intervenir le Sénat. Le 14 octobre 2021, les sénateurs ont adopté la proposition de loi pour le gel des matchs de football professionnel le 5 mai.
Le FLNC voit le jour
Mais une autre date, elle aussi très symbolique constitue à elle seule un pan de l’histoire corse: la naissance du FLNC le 5 mai 1976. Leurs actions démarraient sur des chapeaux de roue avec une 1ere nuit bleue (aux couleurs de l’explosif). Dès le 1er jour, 16 attentats étaient revendiqués sur leurs terres et un autre à Marseille. Débutait alors 40 ans de lutte armée pour gagner son indépendance vis à vis de la France. Le groupe nationaliste connaissait une histoire ponctuée de drames internes. Ses membres déposèrent les armes en juin 2014 validant l’évolution vers un processus politique. 18 mois plus tard, les nationalistes remportaient les élections régionales.
La violence ne se justifie jamais. Mais sans elle, la Corse ne serait pas ce qu’elle est de nos jours. Préservation du littoral, construction de l’université sur l’île, défense de la langue, l’essentiel était pour eux la défense de leur identité. Les récents événements de violence sur l’île ne montrent ils pas malheureusement qu’il faut parfois en passer par là pour se faire entendre?
L’Irlande du Nord n’oubliera jamais Bobby Sands
Un autre peuple a pleuré le 5 mai 1981. Bobby Sands était un nationaliste irlandais, membre de l’IRA provisoire et député à la Chambre des communes du Royaume-Uni du 9 avril au 5 mai 1981. Il meurt après une grève de la faim de 66 jours dans la prison de Maze. Margaret Tchatcher qui ne faillit jamais face à la situation des prisonniers nord irlandais eut ces mots terribles « Monsieur Sands était un délinquant condamné. Il a fait le choix de s’enlever la vie. C’est un choix que l’organisation à laquelle il appartenait n’a pas laissé à beaucoup de ses victimes. » L’anglais peut être impitoyable.
Sa mort provoqua des manifestations monstres réprimées de manière sanglante. Le cercueil du militant fut suivi par près de 100 000 personnes. Il est toujours considéré comme un héros national. Des hommages lui sont rendus chaque année jusqu’en Bretagne.
Ces événements illustrent le combat de ceux qui ne veulent pas mourir, de ceux qui veulent préserver leurs histoire, culture et identité. Pour ne pas se retrouver dans la masse jacobine, juste exister. Quoi de mal à cela?
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Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine