On connaît les attaques répétées de Xavier Bertrand vis à vis de la SNCF et de sa gestion du TER. Il a même pendant plusieurs mois coupé les vivres de l’opérateur de transport. Mais depuis quelques années, il dispose d’une cartouche: l’ouverture à la concurrence des lignes TER. Cela sera t’il suffisant?
Dans la région, seule la ligne appelée “étoile de Saint Pol” est concernée. Elle relit Saint Pol Sur Ternoise à Etaples/Béthune/Arras.
Un long processus
- 27 juin 2018: c’est la loi pour un nouveau pacte ferroviaire qui a posé les bases de l’ouverture à la concurrence du transport intérieur des voyageurs
- 25 avril 2019, le conseil régional vote les lignes étudiées dans ce cadre. Outre l’étoile de Saint Pol, elles concernent les lignes suivantes:
1/ Les lignes reliant Lille à Lens via Don-Sainghin et Lille à Béthune,
2/ Les lignes reliant Lille à Valenciennes et Valenciennes, Jeumont, Hirson et Saint-Quentin à
Aulnoye-Aymeries,
3/ Les lignes Lille, Hazebrouck, Dunkerque, Calais, Boulogne, Etaples et Rang du Fliers,
4/ Les lignes reliant Douai et ses antennes vers Lille, Amiens, Cambrai, Valenciennes, Hazebrouck,
Lens et Saint-Quentin,
5/ Les lignes reliant Lille à Comines, Roubaix, Tourcoing, Courtrai, Ascq, Orchies et Tournai.
- Le 30 janvier 2020, les élus du conseil régional votent les lignes définitivement mises en concurrence. 2 liaisons picardes sont concernées ainsi que l’Etoile de Saint Pol
- Le 30 juin 2020, le processus continue avec la future mise en place de la concession de service public concernant la ligne. Elle sera mise en place pour 9 ans à compter de la mise en concurrence.
- 24 mars 2022: l’exécutif régional décide l’ouverture totale des lignes régionales à la concurrence.
La mise en service serait effective en 2025, soit 1 an de retard par rapport à l’échéance prévue. Selon Franck Dhersin, vice président au transport, la faute est du côté de la SNCF qui n’aurait pas fourni tous les éléments d’informations nécessaires.
Cela signifie qu’au sein d’une même région, des trains de différents opérateurs pourront circuler.
A ce jour, 4 d’entre eux se disent intéressés:
- Transdev, acteur français filiale de la Caisse des dépôts et consignations,
- Renfe, l’équivalent de la SNCF espagnole,
- Regioneo créée en 2020 par Getlink et RATP dev,
- la SNCF…
Danger pour les voyageurs?
Les arguments des pro-ouverture à la concurrence sont répétés:
- qualité de service pour les voyageurs
- résultats probants en Allemagne
Mais le fonctionnement institutionnel allemand n’est pas celui retenu par la France. Gérés de manière fédérale, les services allemands ont davantage les mains libres pour une gestion au plus prêt des préoccupations locales. La France, avec son passif jacobin, aura du mal à gérer ces délégations différentes d’une région à l’autre et même à l’intérieur d’une même région.
Avant cette avancée, il est à noter que la ligne “étoile de Saint Pol” a été confortée matériellement par le conseil régional qui a pris en charge les travaux. Le futur opérateur aura donc une ligne restaurée.
Mais d’autres sensibilités politiques s’opposent fortement à cette évolution.

C’est la position retenue par les groupes syndicats de la SNCF locale qui sont, pour la plupart, du même bord politique. Leur préoccupation première n’est pas le confort des voyageurs mais la préservation des emplois des employés de la SNCF.
Du côté de l’autre bord de l’opposition régionale, par le groupe rassemblement national, la vigilance doit être de mise

Plusieurs questions se posent notamment sur les conséquences de la gestion par un opérateur privé. Cela ne va t’il pas augmenter le coût du transport? Auront ils la possibilité d’abandonner les lignes qui ne seraient pas rentables? Que se passe t’il si la SNCF gagne l’appel d’offres?
A noter que jusqu’en 2023, les régions disposeront de moyens pour passer outre les appels d’offres.
Crédit photo: wikipédia
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine