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Patria ou comment ETA a-t-il marqué le Pays Basque

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E.T.A. pour Euskadi ta Askatasuna, Pays Basque et Liberté, symbole de terreur pour les uns, espoir d’une terre basque libre pour les autres. Ces trois lettres ne laissent insensible aucun sujet du royaume d’Espagne. Depuis 1959, E.T.A. poursuit le combat d’émancipation du peuple basque par la lutte armée. Leur volonté farouche ? Edifier un Euskal Herria indépendant et socialiste d’obédience marxiste-léniniste. Des centaines d’attentats, près d’un millier de morts, des centaines de mutilés et blessés, des centaines de prisonniers, des dizaines de milliers de vies précipitées dans une guerre qui ne dit pas son nom. Le point de non-retour est franchi aussitôt que l’organisation militaire séparatiste est créée. Au Pays Basque, la neutralité n’est pas permise.

Une petite ville industrielle non loin de la capitale de la province de Guipuscoa. Une ville qui a deux noms. Donostia est aux Basques ce que Derry est aux catholiques. A l’inverse San Sebastián est aux Espagnols ce que Londonderry est aux loyalistes. Une petite ville industrielle non loin de Donostia donc et deux familles marquées par le conflit chacune à leur manière. Quand un fils du premier foyer ne rêve que d’indépendance et rejoint le mouvement armé abertzale, le père de la seconde famille, lui, petit patron, refuse l’impôt révolutionnaire que réclame E.T.A. La sanction est irréversible. El Txato est assassiné. Pointée du doigt dans toute la communauté, la famille endeuillée est contrainte de quitter la localité.

2011, l’organisation clandestine est exsangue et annonce l’arrêt de la lutte armée. Bittori, la veuve d’El Txato manifeste le vœu de retourner dans sa ville, celle dans laquelle son défunt époux n’a pas même pu être inhumé. Mais les plaies sont encore ouvertes…

Le style Aramburu

Patria est le dernier roman de Fernando Aramburu. Né en 1959 et établi en Allemagne, on ne sait s’il faut qualifier l’écrivain de basque ou espagnol, ou les deux. Est-ce important d’ailleurs… Fernando Aramburu n’en est, en tout cas, pas à son coup d’essai. Il commit déjà en 2006 un recueil de nouvelles, jamais traduit en français, et intitulé Les poissons de l’amertume, dans lequel il donne la parole aux victimes de l’organisation séparatiste basque.

Le style d’Aramburu accroche. Loin de toute caricature qui voudrait voir en les militants abertzale de dangereux bandits terroristes et en les Castillans, les valeureux champions de la démocratie, l’intrigue illustre parfaitement la complexité du conflit basque, très certainement le plus violent d’Europe avec l’Irlande du Nord.

Elevé au rang de best-seller avec 700.000 exemplaires vendus, primé en Espagne, Patria est un roman qu’il convient de lire. Il fut adapté en série télévisée et diffusé sur Canal +. Mais lire, c’est mieux !ARAMBURU Fernando, Patria, Arles, Actes Sud, Coll. Babel, 2018, 728 p.

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