Les cités éducatives est un programme mis en place sous l’ère d’Emmanuel Macron. Les municipalités étaient invitées à candidater pour faire reconnaître leurs quartiers et bénéficier des aides correspondantes. C’est l’agence nationale de cohésion des territoires qui pilote ces programmes depuis les 1ers programmes en 2019.
Le site dédié donne une définition de la citée éducative: “Il s’agit de grands quartiers d’habitat social de plus de 5 000 habitants, présentant des dysfonctionnements urbains importants et avec des enjeux de mixité scolaire. Il a par ailleurs été tenu compte des enjeux d’aménagement du territoire et du volontarisme des élus locaux.” Il s’agit donc d’une énième façon d’aider les “quartiers prioritaires” selon la novlangue, les banlieues pour un langage plus clair.
Une présentation soignée
On y croirait presque. Il s’agit désormais d’une labellisation attribuée suite à un travail coconstruit entre les municipalités, les rectorats, les politiques de la ville. C’est toute la citée qui y participe: le personnel éducatif, les parents, les politiques, les associations. Ce dispositif doit permettre à tous ces acteurs de mieux coordonner leurs actions pour les jeunes de 0 à 25 ans.
Ce ne serait donc pas un dispositif de plus mais une manière de travailler mieux ensemble.
Pourquoi autant de millions supplémentaires?
Si cette labellisation des quartiers n’est pas un nouveau dispositif, pourquoi autant de millions? 230 millions seront tout de même investis sur la période 2019-2022. 230 millions de plus pour les “quartiers prioritaires”.
Tout cela va t’il servir à quelque chose? En décembre 2020, la Cour des Comptes publiait un rapport sévère sur la politique de la ville mise en place depuis 40 ans. Un véritable échec pour l’insertion professionnelle, le niveau scolaire, la sécurité. Les pouvoirs publics y consacrent pourtant environ 10 milliards d’euros chaque année, selon les estimations des magistrats financiers, auxquels s’ajoutent les fonds consacrés à la rénovation urbaine et les dépenses, « difficilement mesurables », des collectivités territoriales.
Des objectifs paternalistes et bien pensants
3 objectifs principaux définis:
- Conforter le rôle de l’École
- Promouvoir la continuité éducative
- Ouvrir le champ des possibles
Quelques déclinaisons confirment les objectifs de l’Etat de sortir au possible les enfants de la sphère familiale. Les familles deviennent désormais des acteurs au même titre que les enfants, elles ne sont plus perçues comme une référence, une autorité. Quelques exemples:
- “Encourager la coopération avec les parents”
- “Faciliter l’implication des parents et les conditions d’exercice de la parentalité : développement des « maisons des parents »”
- “Développer l’accompagnement personnalisé des jeunes : cordées de la réussite, tutorat, mentorat, parrainage…”
D’autres objectifs illustrent les publics bénéficiaires et la bien pensance installée depuis des années dans les quartiers:
- “Favoriser la maîtrise de la langue et lutter contre l’illettrisme et l’illectronisme : ateliers socio-linguistiques, réseaux de traducteurs, formations, …”
- “Investir davantage les lieux et les temps où les services publics sont en retrait : renforcement de la présence des adultes formés en soirée, les weekends et pendant les vacances scolaires, pour éviter les replis communautaires et/ou identitaires.”
- Promouvoir les valeurs collectives et la prévention des risques : promotion des valeurs républicaines, laïcité, égalité filles-garçons, éducation aux médias, pensée critique…”
L’Etat et le monde associatif et scolaire prennent un espace de plus en plus conséquent dans la vie des enfants. Devant des parents de plus en plus défaillants, les portes sont grandes ouvertes pour permettre aux associations de déployer leur “philosophie de vie”.
Les villes bénéficiaires du Nord Pas-De-Calais
On y retrouve, logiquement, toutes les villes bénéficiant depuis des décennies de toutes les aides de l’Etat. Ce sont majoritairement des personnes issues de l’immigration qui occupent ces quartiers. Là où les faits divers de violence sont quotidiens. Entre traffics de drogue, guets apen contre les forces de l’ordre et les pompiers, tout le standard des agressions s’y retrouve.
8 nouveaux villes ont été labellisées la semaine dernière, voici la liste complète:
Nord: Denain, Douai/Waziers, Dunkerque/ Grande Synthe, Hautmont, Lille, Maubeuge, Roubaix, Tourcoing, Valenciennes/Anzin
Pas-De-Calais: Arras, Avion, Boulogne Sur Mer, Calais, Lens, Liévin.
De nouveaux équipements, des activités dédiées, des formations adaptées, tout est fait pour ces quartiers prioritaires qui se disent constamment défavorisées. Les milliards engagés démontrent l’inverse. Le seul constat: l’échec. Pourquoi continuer dans cette voie? Pour continuer à acheter la paix sociale, jusqu’à quand?
Quid de nos campagnes? Là où les transports scolaires sont de moins en moins efficaces, là où les petites gares ferment, les services publics ne sont plus présents. Là où les politiques publiques consacrent quelques milliers d’euros par an pour essayer de sauver le dernier commerce de proximité.
Crédit photo: pixabay
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine