Rien ne prédestinait Sylvie Facon au stylisme. Alors jeune bachelière, l’arrageoise entame un parcours professionnel dans le milieu du social avant de passer un diplôme de peintre spécialisée, dans la décoration signalétique en lettres. Mais rien de tout cela n’assouvit son désir de créer. Alors Sylvie Facon se lance dans la confection d’un bustier. Elle ne le sait pas encore mais elle vient de franchir un point de non-retour. Sa vie sera désormais dédiée à la couture. Et cela depuis désormais trois décennies…
En autodidacte, elle use de centaines d’heures de pratique pour dompter les matières qu’elle travaille. Les tissus, les dentelles et autres soies n’ont bientôt plus de secret pour elle. D’une robe l’autre, la modéliste trouve son style, sa griffe, à l’instar de celles qui ornent les pattes du Lion de Flandre, chanté par Verlaine et dominant, du haut de son beffroi, la fière cité médiévale et artésienne à laquelle Sylvie Facon rend hommage.
Références arrageoises mais pas que
Car le travail de Sylvie Facon s’inspire directement du patrimoine arrageois, mais également d’autres
univers nourriciers, ainsi la nature et la littérature. Pour accompagner ses voiles, tulles, organza et autres tissus, Sylvie Facon s’autorise toutes les audaces et sublime les matières premières : la porcelaine, du rotin, un violon mais également des livres. Les plus bibliophiles fermeront les yeux sur le « sacrifice » de quelques dos de reliures du 19 ème siècle…

Tandis que le musée des Beaux-Arts d’Arras offre une mise en scène de figurants en tenue d’époque napoléonienne, la modéliste fait une rencontre décisive en la personne de Laurent Bracq, qui poursuit l’œuvre de la maison Jean Bracq Dentelles de Calais-Caudry. Les deux passionnés deviennent aussitôt complices. Les collections Jean Bracq sont mises à disposition de l’arrageoise qui y puise et virevolte selon ses envies. Sylvie Facon s’impose comme l’égérie contemporaine de la maison en même temps que son travail s’identifie toujours plus à l’âme des Pays-Bas français.
Son talent désormais reconnu, en plus de créer, il faut à Sylvie Facon témoigner. Et cela ne peut passer que par le livre. Arras & le pays d’Artois sous la griffe de Sylvie Facon est le troisième ouvrage consacré à son travail. Il naît d’une autre rencontre. Celle avec le photographe Charles Delcourt, architecte et paysagiste de formation, dont le travail photographique coloré et nuancé crée de magnifiques atmosphères qui renvoient à la peinture flamande.

Un album d’une rare grace
Aussi est-ce un magnifique grand album de près de 40 cm de hauteur qui vient de paraître. Au gré de plusieurs dizaines de clichés photographiques, les robes de Sylvie Facon sont mises en situation dans des décors naturels et intérieurs qui excluent tout travail en studio. Car le lecteur est invité à une balade dans tout le pays artésien et autorisé à pénétrer en des lieux habituellement interdits au public. Les habitués de la Grand Librairie d’Arras comprendront immédiatement…
Maints éléments architecturaux d’Arras, châteaux, chapelle, vergers, brasserie, boves, bords de Scarpe, église, jardin, hôtel particulier, champs, fontaines, site mégalithique et bien d’autres lieux offrent un bienveillant cadre qui magnifie le travail de l’une des plus grandes artistes contemporaines des Pays-Bas français.
Chaque cliché est décrit par des textes signés François Annycke. L’album, en reliure cartonnée, est vendu au prix de 29,90 euros.

Arras & le pays d’Artois sous la griffe de Sylvie Facon, Arras, Office de tourisme Arras Pays d’Artois
Editions, 2020, 95 p.
Crédit photo: DR
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine