Ce genre d’ouvrage est toujours une bombe. Trois années d’enquête par le journaliste Victor Castanet ont abouti à ce livre : “les fossoyeurs” qui sortira demain. Le titre donne l’ambiance et les 250 témoignages confirment la teneur grave d’un sujet souvent caché: la gestion des EPHAD.
Les récits des familles de résidents sont effroyables. Les ainés étaient déshumanisés selon eux. Et c’était sans compter une gestion administrative calamiteuse: perte d’objets personnels, absence de réponse aux sollicitations. Les propos de la famille de l’écrivain Françoise Dorin, compagne de Jean Piat sont symptomatiques.
Du côté des personnels de santé, ce n’est pas mieux comme le titre l’article « Déjà, il y avait cette odeur de pisse terrible, dès l’entrée ».
En regardant les avis laissés sur google, les notes attribuées à l’établissement de Neuilly sur Seine sont variées. La moyenne est de 3,7 sur 5. Finalement, une note très passable pour un établissement où la chambre coûte à minima 6500 euros par mois. Ce prix pouvant aller jusqu’à 12000 euros.
Sur le site de recrutement indeed, les salariés peuvent laisser un commentaire sur leur employeur. Les 526 avis recueillis ne récoltent qu’un 3 sur 5 de moyenne. Certains corroborent les témoignages. Deux avis récents sont particulièrement significatifs quant à des dysfonctionnements liés à la gestion de l’humain.

Xavier Bertrand mis lourdement en cause
Le Président du Conseil régional est mis en cause pour ses anciennes fonctions à la fois en tant qu’élu local dans le département de l’Aisne mais aussi en tant que ministre de la santé. Pour rappel, il fut ministre de la santé à 2 reprises sous le mandat de Nicolas Sarkozy et le gouvernement de François Fillon.
Il aurait largement soutenu le développement d’Orpéa à ses débuts, soit au début des années 1990. L’auteur de l’ouvrage mentionne le fait que 7 établissements ont ouvert dans l’Aisne, département d’élection de Xavier Bertrand. Il aurait accéléré le déblocage de financements après l’autorisation donnée par le conseil départemental de l’Aisne pour chacun des 7 structures. Ces informations auraient été obtenues via Jean-François Rémy, apporteur d’affaires du groupe dans la région à cette époque.
Pire, c’est en tant que ministre que les manoeuvres auraient continué de fonctionner entre lui et les dirigeants d’Orpéa. Roselyne Bachelot, ministre de la santé également sous Nicolas Sarkozy, a livré des renseignements troublants. Tout en affirmant ne pas être au courant des liens entre l’établissement et son ancien collègue à la santé, trois révélations peuvent mettre la puce à l’oreille. Toujours selon la reprise d’extraits par le journal Le Monde:
- elle s’est étonnée de ne pas se voir attribuer la compétence “médico-social” qui restait dans le giron de Xavier Bertrand, ministre du travail,
- il aurait décidé seul des établissements financés dans le cadre du plan hôpital 2012 ne laissant aucune manoeuvre à sa successeuse. Des confirmations écrites avaient été adressées directement par le ministre,
- une marge de manoeuvre quant à la création d’établissements de santé est laissée au ministre dédié. Une part de ces structures voit le jour sur la seule autorité du ministre selon une “tradition” française.
Les dirigeants d’Orpéa réfutent toutes ces accusations et estiment que la méthode de travail n’a été effectuée qu’à charge. Quant à Xavier Bertrand, un des principaux porte paroles de Valérie Pécresse, candidate à l’élection présidentielle, il a répondu à quelques accusations. Cependant, quelques questions complémentaires posées par l’auteur ne trouvèrent pas réponse.
L’ouvrage sortant demain en librairie nous livrera certainement encore d’autres informations intéressantes qui seront scrutées en cette période d’élection présidentielle.
Crédit photo: DR
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
pas grand chose contre M.BERTRAND dans ce que vous rapportez. Votre journal est cependant intéressant, continuez