Si la simple appellation de littérature corse englobe l’ensemble des œuvres publiées dans les trois langues usitées sur l’île, le corse, l’italien et le français, c’est à la fin du 19 ème siècle que l’on peut dater le passage à l’écrit de la langue corse. Elle s’affranchit alors progressivement d’une seule oralité dialectale. La création du journal A Tramunata vient accompagner cette prise de conscience identitaire. Le créateur du journal Santu Casanova va demeurer longtemps la figure de proue du corse écrit avant d’être rejoint par d’autres auteurs. Ces derniers commencent à publier nombre de poèmes et petites nouvelles dans leur langue natale.


Afin de se familiariser davantage avec la spécificité de la littérature corse, la maison d’édition ajaccienne Albiana vient de confier à Ange Pomonti, la publication, non d’une histoire de la littérature corse, mais d’une histoire de La littérature d’expression corse, comprendre en langue corse. Cette dernière bénéficie d’une diffusion bien évidemment restreinte au territoire insulaire corsophone, à l’exception de la diaspora. La littérature en langue corse n’en est pas moins riche et diverse.
A A Tramuntana succèdent bientôt d’autres journaux. Ainsi A Cispra, publié en 1914, qui ne connut qu’un seul numéro et dont la pérennité fut contrariée par l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Il n’en demeure pas moins qu’il occupe une place importante dans l’imaginaire collectif corse. A Cispra donc et surtout A Muvra, qui naît en 1920, et va fédérer la majeure partie des auteurs corsophones. Contrarié à son tour par le second conflit mondial et l’adhésion de certains de ses auteurs à l’irrédentisme fasciste italien, le mouvement littéraire corse se voit couvert d’un relatif opprobre en 1945, de la même manière qu’en Bretagne et en Flandre.

Symbolisant le réveil de l’identité culturelle corse, le Riacquistu consacre l’éclosion d’une nouvelle génération d’écrivains en langue corse. Il accompagne la tumultueuse histoire de l’île et va offrir à la langue corse de nouvelles dimensions, tant politique que sociale. Le sentiment particulariste corse s’est largement désinhibé depuis les évènements d’Aléria en 1975. Mais la persistance de la littérature corse n’en demeure pas moins fragile malgré le dynamisme de ses promoteurs et le soutien des structures publiques.
Vous connaissez Marie Ferranti ou Jérôme Ferrari ? Partez à la découverte d’une autre littérature corse, originale et authentique.
Ange Pomonti est professeur agrégé de Langue et Culture corses dans le second degré. Le présent ouvrage est issu d’une thèse de doctorat soutenue à l’Université de Corte en 2018. Mais elle demeure parfaitement accessible au profane.
L’ouvrage est vendu au prix de 24 euros pour plus de 500 pages.
POMONTI Ange, La littérature d’expression corse. Entre tradition, politique et modernité, Ajaccio, Albiana, 2021, 567 p.
Crédit photo: histoire-image.org (pour A Muvra) + Voce nustrale (pour A Tramuntana)
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine