La Côte d’Opale, c’est 120 kilomètres de côtes naturelles, urbanisées et viabilisées économiquement. Ce panorama est il suffisant pour considérer ces atouts comme majeurs ? Considérés seuls, assurément non.
Ce littoral bordé par la mer du Nord et la Manche est empreint d’histoires, de peuplements. Ce sont des épisodes démographiques, politiques ou même économiques qui sont autant de paramètres qui expliquent les principaux traits, atouts et handicaps de la Côte d’Opale d’aujourd’hui.
Si l’histoire est avant tout aussi de la géographie, on comprend mieux les constats structurant ce trait de côte, de la frontière belge aux confins de la baie d’Authie.
Par deux publications de l’Insee, en novembre 2021 et en décembre 2021, l’organisme nous dresse le portrait de ce PMCO ( Pôle Métropolitain de la Côte d’Opale) et aussi de ses activités maritimes et portuaires.
Vue sur sa démographie
Le P.M.C.O. comptait 760 400 habitants au 1er juillet 2018, répartis sur 10% de la surface des Hauts de France, c’est une sacrée densité ! Les communes les plus peuplées sont Dunkerque (86900 habitants) Calais (72900 hab.) et Boulogne (40700 hab.).
Plusieurs décennies glorieuses ont été marquées par une croissance de la population. Mais tout cela est fini ! Ce territoire a perdu en moyenne 0,1% de sa population entre 2013 et 2018 soit environ 900 habitants par an. Le solde naturel (naissance-décès) ne contrebalance plus le solde migratoire. On a moins de naissances et la population vieillit tandis que nous perdons des emplois (-4700). Neuf actifs sur dix travaillent dans le ressort du territoire contre 8 sur 10 en Hauts de France. La part des ouvriers et ouvriers qualifiés se monte à 16%.

Vue de son tissu productif
Le P.M.C.O. accueille 274 500 emplois soit 13% des emplois régionaux.
L’industrie résiste bien puisqu’elle couvre 16% des emplois essentiellement dans les produits minéraux (Arc), la métallurgie comme Arcelormittal. Arc est un des employeurs principaux mais les renflouements successifs montrent que cette industrie de l’art de la table n’est pas en grande forme. Arcelor parvient à se défendre. Les actifs du secteur tertiaire représentent 76 % des emplois en 2018 comme les centres hospitaliers, les secteurs publics et para-sociaux. Le niveau de chômage était plus élevé, soit 1 % au-dessus de la moyenne régionale qui est déjà elle-même à 2% supérieur à la moyenne nationale française.
Focus sur les activités maritimes et portuaires
Les activités maritimes et portuaires sont assez diversifiées et recensent 30 800 emplois directs. Le secteur maritime dépendant directement des ports rassemble 10 100 emplois (pêches en mer, manutention portuaire…) le secteur non-maritime comme les industries, services aux industries et transports-logistiques détiennent 20 700 emplois. Avec les ports + Getlink-Eurotunnel, ce sont quelque 25 500 emplois cumulés. Trait caractéristique : le tissu productif des ports est essentiellement tenu par des grandes entreprises ou des entreprises de taille intermédiaire, l’ensemble représente environ 8 emplois sur 10. Pour le statut économique, ce sont des multinationales pour 75% des salariés.
Avec l’aboutissement des travaux de Calais Port 2015, le trafic à Calais, soit l’emploi, devrait augmenter, sous réserve de conséquences non encore complétement évaluées du fait du Brexit.
Le terminal méthanier à Dunkerque est désormais entré dans sa phase d’exploitation. La phase de construction avait nécessité le recours au travail détaché étranger néfaste pour l’emploi local. Il devrait se développer avec le développement du gaz liquéfié.
Par ailleurs le lancement du nouveau projet Cap 2020 (terminal porte-conteneurs) au port de Dunkerque devrait accélérer l’emploi logistique. La mise en construction du Canal Seine-Nord (si elle n’est pas remise en cause) devrait apporter à moyen terme aussi un supplément d’activité si les plateformes logistiques sont bien effectives sur les canaux à grand-gabarit régionaux.

Vers un nouvelle facade maritime avec plus de biodiversité et plus énergéticienne ?
Le littoral et ses villes balnéaires permettent aussi des activités liées à la nature, aux loisirs et au tourisme qui représentent quand même 4% de son économie. Les touristes régionaux en sont demandeurs dans un contexte sanitaire compliqué. Les résidences secondaires représentent 11% des habitations et la moitié des lits touristiques des hauts de france ! Ce sont au total 10 000 emplois touristiques c’est à dire 4% de l’emploi total local. Mais beaucoup reste encore à développer dans ce secteur touristique pas assez reconnu des Français mais qui attirent de plus en plus de belges et de néerlandais.
Dans ses publications, l’Office de statistiques ne nous dit cependant rien de la part de l’énergie dans l’économie de la Côte d’Opale.
Il y a bien sûr la Centrale-EDF de Gravelines qui draine elle-même des emplois non négligeables et de ses sous-traitants. Il y a déjà Totalenergie qui déjà commence à stocker de l’électricité et Air Liquide qui portera des projets liés à l’hydrogène.
En conclusion, avec une démographie qui se dégrade, des jeunes qui quittent la région, les entreprises vont continuer à avoir, ici comme ailleurs, des difficultés pour recruter et développer leur projet.
Il est urgent pour la région Nord Pas de Calais-Picardie de fournir pour la Cote d’Opale, des efforts sans précédent pour former aux métiers de la mer. Ils sont en soi un objectif géo-économique de rééquilibrage régional alternatif.
La prise de conscience et l’action politique seront-elles au rendez-vous ?
Crédit photo: wikimédia
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine