Rendez-vous vous sont donnés ces samedis 15 et 29 janvier 2022, de 15h à 16h30, à la Bibliothèque d’agglomération du Pays de Saint-Omer.
Ancien professeur agrégé d’allemand et diplômé de néerlandais, Bernard Doncker tiendra deux conférences sur le thème L’usage du flamand à Saint-Omer et ses faubourgs : « La ville de Saint-Omer est généralement présentée aux visiteurs comme étant située « aux confins de la Flandre et de l’Artois ». Que cache cette expression au regard de sa situation géographique, de ses appartenances successives à la Flandre, à l’Artois, à l’État bourguignon-flamand, au Saint-Empire romain germanique, aux 17 provinces des Pays-Bas puis aux Pays-Bas méridionaux sous occupation espagnole et enfin à la France depuis 1678 ? Comment les Audomarois parlant le français et/ou le flamand occidental ont-ils vécu ensemble durant des siècles au contact de deux langues et deux cultures, l’une romane, l’autre germanique ? Quel regard extérieur fut porté au fil du temps, tant sous la monarchie qu’au sein de la République, sur cette exception linguistique dans le département du Pas-de-Calais ? Que reste-t-il aujourd’hui à Saint-Omer et dans ses faubourgs du Haut-Pont et de Lyzel de ce passé flamand sur le plan culturel, sociologique et linguistique ? ».
La langue flamande de France et la place de langue flamande en France.
Voilà deux domaines d’études qui semblent préoccuper un nombre croissant de Flamands de France, malgré la poursuite de l’œuvre centralisatrice française et que la mondialisation uniformise progressivement l’ensemble des territoires.
Lorsqu’on évoque de taal van onze voorouders en Flandre française, chacun songe naturellement à Dunkerque bien évidemment, et aussi Cassel mais encore Hazebrouck. Moins connue est la pratique du flamand dans la limite occidentale de la Flandre linguistique. Car le flamand a bien été pratiqué à Saint-Omer et dans ses faubourgs, d’ailleurs davantage flamands qu’artésiens, bien que désormais administrés par le département du Pas-de-Calais.

Les parlers de l’audomarois fournissent un exemple parfait du rapport de forces « colinguistique » qui a progressivement vu la langue de Racine dominer celle d’Andries Steven et ont fait l’objet de riches études. En 1856-1857, est publiée une grande enquête, intitulée Délimitation du flamand et du français dans le Nord de la France. Diligentée par le Comité flamand de France, elle livre une étude précise de la pratique du flamand dans quatorze communes de l’Artois flamingant : Clairmarais, Saint-Folquin, Haut-Pont, Lysel, Sainte-Marie-Kerque, Nouvelle-Eglise, Offekerque, Saint-Omer, Saint-Omer-Cappel, Oye, Racquinghem, Ruminghem, Vieille-Eglise et Wardrecques. Des réponses ne parvinrent que de quatre d’entre elles, démontrant ainsi que si la pratique du flamand persiste, son usage accuse un net recul dans le pays audomarois.
Plus proche de nous, en 1987, Denise Poulet, dialectologue originaire d’Audruicq, soutient sa thèse devant le Centre d’études médiévales et dialectales de Lille III, intitulée Au contact du picard et du flamand. Parlers du Calaisis et de l’Audomarois. Remarquée et remarquable, bien que d’un accès difficile, les travaux de Denise Poulet contribuent grandement à la compréhension de la romanisation linguistique de l’Audomarois depuis le Moyen Âge, romanisation qui n’exclut néanmoins ni la conservation de mots et tournures germaniques antérieurs à la fixation linguistique du flamand, ni la totale éradication de ce dernier malgré l’intransigeance de la politique linguistique d’uniformisation menée dès après l’annexion.

Il y a cinq années désormais, c’est le regretté abbé Cyriel Moeyaert qui entreprit de publier, quelques mois avant sa disparition, une étude de 180 pages, intitulée Het Nederlands in Sint-Omaars door de eeuwen heen. Le prêtre centenaire, infatigable défenseur et promoteur du flamand de France, avait déjà publié un Dictionnaire du flamand de France et c’est en sa qualité de parfait connaisseur du particularisme linguistique de la Flandre française que l’abbé Moeyaert confirme que la pratique du flamand a perduré bien au-delà de l’annexion.

L’entrée est gratuite.
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Crédit photo:dialectloket.be
Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine