La semaine dernière, nous vous présentions le collectif d’élus Vent des Maires et les élus du Nord Pas-De-Calais adhérents à cette association.
Miroir du Nord: Comment est né le collectif “vent des maires”?
Brigitte Pistre: Il est le fruit d’une préoccupation partagée, en temps que citoyenne et maire de Frazé dans l’Eure-et-Loir avec d’autres maires, dont un qui s’est rapproché de moi : le maire de la commune de Courcival dans la Sarthe. Nous avions conscience des difficultés de beaucoup de communes face aux nombreuses initiatives en faveur de l’éolien et du manque de soutien. En mai 2021, nous sautons le pas. Nous lançons le collectif invitant tout maire et élu à y adhérer pour faire entendre sa voix.
Miroir du Nord: Quelle a été votre première action?
Brigitte Pistre: Nous avons écrit à Emmanuel Macron, président de la République, et lui avons demandé à être reçus. Le cabinet de la Présidence nous a indiqué que notre contact était Barbara Pompilli, Ministre de la Transition écologique. Ce n’est pas notre volonté. Nous pensons que le bon interlocuteur est le chef de l’état.
Comment justifier aujourd’hui une politique de l’éolien alors même que cette source d’énergie est aléatoire et intermittente? Et sans effet bénéfique au plan écologique. Des centrales électriques au gaz sont construites pour produire de l’électricité comme en Bretagne à Landivisiau afin de compenser l’insuffisance de la production d’électricité par l’éolien. En Allemagne, ils sont obligés d’ouvrir de nouvelles usines de charbon tant l’éolien est insuffisant. Ils ont portant 35000 éoliennes en service!
Miroir du Nord: Quelles sont vos principales revendications?
Brigitte Pistre: L’objectif principal est de dénoncer le déni de démocratie subi par les maires. On nous demande beaucoup: voirie, urbanisme, état civil, sécurité, organisation des élections…. Nous sommes en quelque sorte les piliers de la démocratie. Mais quand il s’agit des projets éoliens, notre avis ne compte plus. Les impacts pour les habitants sont pourtant majeurs. Nous pensons que la strate locale est la plus adaptée pour gérer ce genre de dossiers. Le périmètre d’intervention des intercommunalités n’est pas identique pour toutes. Cela rendrait les choses plus compliquées. Dans notre démarche, nous réfléchissons non seulement vis à vis des communes directement impactées en installant les éoliennes sur leur territoire mais aussi aux communes limitrophes qui sont tout autant victimes.
Miroir du Nord: Comment se déroule concrètement l’installation d’éoliennes ?
Brigitte Pistre: Tout démarre par la manoeuvre des promoteurs éoliens. Ils repèrent le foncier qui leur semble approprié pour leur projet et vont taper à la porte des propriétaires parfois de manière brutale. Ils leur font comprendre qu’ils ont un projet, et que quitte à subir des éoliennes, autant que ça leur rapporte et que ce soit sur leur terrain. Tout s’organise par la suite en direct avec la Préfecture, même si l’avis de la municipalité est sollicité. L’avis du maire est en effet bien sollicité mais c’est un coup d’épée dans l’eau. Cela ne sert à rien car la Préfecture peut passer outre. Il faut rappeler qu’à ce sujet, les députés ont refusé le droit de véto des maires, pourtant envisagé par le sénat. Les élections législatives approchent et sans prendre parti pour un mouvement politique, notre volonté est de sensibiliser les candidats à la nécessité de donner une voix prépondérante aux maires sur ce sujet.
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Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine