Les 46 éoliennes prévues dans les eaux dunkerquoises provoquent un remue-ménage jusque chez nos voisins belges. Et cela ne date pas d’hier. Deux ans déjà que les instances gouvernementales de nos voisins ont commencé à regarder ce projet d’un mauvais œil. En novembre 2019, tout en privilégiant la voie diplomatique, ils évoquaient déjà l’intention de s’offrir les services d’un cabinet d’avocats français. Selon eux, les pouvoirs belges auraient dû entrer dans le cercle des négociations avant que le marché de ces 46 éoliennes ne soit attribué par l’Etat à EMD constitué d’EDF Renouvelables, Enbridge Éolien France S. à r.l., filiale d’Enbridge Inc., et innogy.
Depuis quelques mois, ils ont intensifié leur démarche. Le 6 janvier 2021, dans un courrier adressé au président de la commission particulière du débat public, Vincent Van Quickenborne, vice-Premier ministre belge, ministre de la Justice et ministre de la Mer du Nord, a fait part des remarques de l’État belge. Plusieurs motifs de contestation :
- Problème de disponibilité des routes entre Ostende et la Grande Bretagne
- Souveraineté nationale remise en cause
- Possibles perturbations des communications en mer du fait de la hauteur des éoliennes (jusqu’à 300 mètres)
- Conséquences sur le trafic aérien et l’espace aérien belge qui est compris dans cette zone et dont la sécurité est remise en cause
- Des pertes conséquences pour la valeur des biens immobiliers
- Des impacts sur l’environnement et particulièrement pour les oiseaux
Le 25 juin, le gouvernement du royaume Belge a annoncé avoir saisi la justice française et la Commission européenne contre le projet. La raison : les « intérêts essentiels » belges seraient remis en cause : nuisibles pour les habitants, l’environnement, et l’attractivité de la côte longue de seulement 67 kilomètres. Les ajustements faits en mai par EDF et RTE n’ont, par conséquent, pas été suffisants.
Le 18 octobre, le ministre fédéral de la mer du Nord belge a dévoilé le projet d’un nouveau projet de parc éolien en mer à l’horizon 2030 sur …une île artificielle pour un coût de 100 millions d’euros. Objectif : alimenter l’ensemble de la population belge en couplant ces éoliennes avec le parc déjà existant. De quoi poser question quand on a en tête le budget nécessaire en France et qui est le double notamment pour le projet régional dunkerquois.
Côté français, les opposants politiques sont divers et variés. Certains arguments sont retenus notamment par Christian Hutin, ancien maire de Saint Pol sur Mer et actuel député socialiste. Il a écrit à Emmanuel Macron puis Jean Castex en octobre pour les alerter des dangers vis-à-vis du radar militaire situé à 30 kilomètres, à Calais. Les élus locaux du Rassemblement national alertent également régulièrement sur les risques. Quant à Xavier Bertrand, sa position plus floue : alors qu’il s’est toujours prononcé favorablement à l’éolien off-shore en tant que président du conseil régional, sa réaction sur la question lors du débat mené entre les 5 prétendants à l’investiture LR sur LCI le 8 novembre ressemblait à un changement de cap.
Nous suivrons ce dossier des 2 côtés de la frontière.
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Le miroir du Nord, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine